Vittò, un jeune génois au XIVe siècle, vit dans un petit monde paisible rythmé par les livres et les travaux de menuiserie maritime menés par son père pour nourrir sa petite famille. Alors que les ennuis et les problèmes s'accumulent et que le monde si stable de Vittò s'écroule, un homme venu du passé de son père vient toquer à leurs portes et leur offre le salut : participer à l'expédition génoise chargée de délivrer les colonies en Mer noire de la menace du Khan. Les voilà partis en mer pour un très long voyage au cours duquel Vittò se rend compte peu à peu que son père porte un lourd, un très lourd fardeau, et qu'il n'était pas tout à fait l'homme qu'il avait toujours cru connaître. Naviguant entre corsaires, ennemis en tous genres, et la non moindre menace de la peste qui pèse à l'horizon, cette expédition semble être l'occasion de crever l'abcès.


Une histoire dans l'Histoire, une fenêtre sur une époque et sur les mouvements qui agitaient la Méditerrané au XIVe siècle. Si les nombreuses péripéties et les digressions sont intéressantes, elles paraissent plus souvent être l'occasion de donner une leçon d'histoire que relever d'un besoin de faire progresser le récit. De fait, on perd parfois le fil de ce qui est important pour l'auteur : parler de la rédemption de ce père, de la folie de la fierté humaine, de la détresse d'une époque, ou sermonner les gens du passé. Cette dernière mission est d'ailleurs questionnable, tant il est facile de donner des leçons en ayant avec soi le recul donné par plusieurs siècles. Ainsi, Vittò a entre 10 et 15 ans dans le récit, mais il oscille entre porter le regard sur son monde de l'enfant qu'il est ou celui d'un académicien du 21e siècle.


Plus généralement, l'histoire peine à mettre l'accent sur l'essentiel, ce qui dilue l'impact des multiples révélations qui ponctuent le livre, en particulier la Grande Révélation sur le péché originel du père qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. La force de l'ouvrage réside donc surtout dans cette fenêtre qu'il nous ouvre sur la vie en ces temps lointains, autant sur celle des nobles que sur celle des manants, mais aussi sur les conflits, les visions du monde, la place de la religion, de la femme, et sur toutes les petites roublardises caractéristiques d'une époque de la débrouille où la mort n'était jamais très loin. L'auteur arrive définitivement bien à retranscrire le Zeitgeist du XIVe, et c'est fascinant.

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le 18 mars 2025

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