Le désespoir peut me tomber dessus, mais la félicité aussi, même si la mélancolie continue de défigurer la réalité. Le verre à moitié plein ? Souvent, je ne vois même pas le verre.
Dysthimie. Dans la famille d’Olivia de Lamberterie, ce « trouble de l’humeur » (littéralement) a sévi; plusieurs personnes se sont données la mort. Lorsque son petit frère, Alexandre, un homme brillant et très charismatique se suicide en 2015 à Montréal, elle est anéantie. « Je veux que sa mort me donne de la hauteur, pour qu’il n’ait pas souffert pour rien. » Ce livre est le récit de ces jours terribles, avant-pendant-après, et maintenant. Cri d’amour d’une grande soeur issue de la même éducation, à particule, seizième arrondissement, mais qui s’est toujours considérée comme la naine boulotte de la famille (une famille dans laquelle on demande, à propos des nouvelles personnes qu’on rencontre, combien ils pèsent (?!), et qui a brisé plusieurs fois la route toute tracée (premier enfant à vingt ans, pas mariée, avec un homme beaucoup plus âgé qu’elle). Un petit peu à la manière d’Alix de Saint-André (que j’aime tant) qu’elle évoque d’ailleurs joliment, elle mêle à sa douleur quelques considérations plus élargies sans oublier une distance mâtinée d’humour, une sorte de politesse – y compris quand elle s’énerve. Car elle a parfois des emportements un peu sortis de nulle part, des « je vomis les gens qui », une colère qui prend le dessus. Il n’empêche que sa détresse est perceptible et communicative, et on referme ces pages avec émotion.