Axiom's End
7.1
Axiom's End

livre de Lindsay Ellis (2020)

Comme je me lance souvent dans des premiers romans, j'ai pris celui-ci pour son sujet, le premier contact avec une vie extra-terrestre intelligente.
En voyant que l'en-tête du premier chapitre était accompagnée d'un indice Dow Jones, je ne me suis pas inquiété; je me suis dit que ça devait avoir du sens pour le récit.


Monumentale erreur.


Ce récit est donc celui d'une adolescente qui, par ses liens familiaux, se retrouve embringuée dans une affaire d'espionnage / diplomatie / science, à savoir: que des ET ont pris contact avec les humains. Sauf que le contact en question remonte à plusieurs années, que le gouvernement US le cache (parce que bien sûr, les E.T. ont contacté les Ricains, pas les Bélouches ni les Ouïgours) et que le père de la gamine a dénoncé ce fait sur internet avant de devoir se cacher. Ah, oui, ça se passe en 2007, sous Bush Jr.
Bon.
Avec ça, on aurait pu espérer avoir un bouquin intéressant ou original. Au lieu de quoi, on a une espèce de gloubli-manga mal fagoté, dont la moitié des chapitres consistent à attendre que l'héroïne ne soit plus paralysée d'effroi ou prisonnière ou "impuissante face aux forces du monde". Ce qui fait un peu long. Le reste du temps, elle sert d'interprète entre l'un des ET et.. les divers agents gvt qui ont besoin d'infos.
Que les linguistes se rassurent, ils ne trouveront rien ici à se mettre sous la dent; pas plus que dans Arrival ou dans Le livre des choses étranges et nouvelles de Michel Faber, cette soupe christo-guimauve qui est à la SF ce qu'un pied de chaise est à un bon Havane.
Bref, pendant 300 pages, on subit une alternance semi-aléatoire de fuites désespérées sans motivation et de dialogues par procuration qui ne mènent pas à grand-chose. Et tout cela rappelle étrangement quelque chose, mais quoi?
Au milieu de tout cela, on apprend que les fuites (pardon, les révélations) du papa de l'héroïne (comme quoi, Bush n'a pas dit au peuple américain qu'il était au courant de l'existence des ET) entraînent la destitution du méchant président. Ce qui prouve qu'on est bien en démocratie, non mais! et que les méchants n'ont qu'à bien se tenir.
Quand le livre se termine (évidemment de façon totalement ouverte, because sequel possible; on va pas se priver d'une bonne rente, hein, ma petite dame?), on a la même impression qu'après un de ces films médiocres qui font des tabacs actuellement (vous savez, ceux qui sont réalisés par Michael Bay ou par des émules d'icelui; ou par des mules tout court). Et comme je suis curieux, je voulais savoir pourquoi. J'envisageai même la possibilité d'écrire à l'auteur, qui a certainement un compte twitter ou insta, enfin un truc chébran.


Heureusement, j'ai lu ses remerciements, à la fin. Il faut toujours lire les remerciements des écrivains, et ce pour deux raisons. La première, c'est que votre nom y figure peut-être. C'est vrai, pourquoi pas? après tout. On ne sait jamais. Votre pensée, votre oeuvre, votre vie, ont peut-être influencé un/e jeune écrivain/e dont vous n'avez jamais entendu parler; et cela vous fera chaud au coeur de découvrir que vous avez contribué à forger son caractère, sa culture ou son âme. Il ne faut négliger aucun bonheur, si petit soit-il (regardez, les Hobbits).
Bon, évidemment, la chose est peu probable.


La deuxième raison pour laquelle il faut toujours lire les remerciements des auteurs, c'est qu'ils permettent de mieux cerner la mentalité de l'auteur en question, de comprendre ce qui l'anime.
Et c'est donc là, à la fin des remerciements de Ms Ellis, que j'ai compris ce qui clochait dans son bouquin. Accrochez-vous, ça va tanguer.
Donc, Ms Ellis, vidéaste, influenceuse et tout le toutim, remercie en dernier lieu, donc en place d'honneur.. Ronald Reagan. Oui-oui, l'acteur médiocre devenu gouverneur médiocre puis président médiocre. Et devinez pourquoi qu'al'lui dit merci. Allez, je vous le donne en mille: pour avoir.. (pffrtt!) dérégulé la législation sur les dessins animés (mmff proafft!) au début des années 1980, ce qui a permis aux.. (attends, attends) aux Transformers d'exister. (Hahahahaha! - ce rire est copyrighté par Jeremy de la chaîne YT Cinemasins).


Et c'est ainsi qu'un fou rire m'a permis de comprendre pourquoi ce quasi navet, non content d'être d'une ineptie rare, a du succès et sera certainement adapté au cinéma avant peu. Je n'ai qu'une seule hâte: voir l'Everything Wrong With.. qui le réduira en charpie.


En attendant, je vais me relire Jem de Fredrick Pohl, tiens. M'étonnerait qu'un studio de cinoche ait les couilles et la cervelle de le réaliser un jour, celui-là.


(Ah oui, au fait: les exergues de chapitre en indices boursiers ne servent strictement à rien; je suppose qu'ils rendent compte des préoccupations de l'auteur; ou qu'il s'agit d'une "critique du capitalisme".. Sinon, j'ai mis 2 au lieu de 1 parce que le livre contient une référence mutine à WAR GAMES, le film de John Badham, et ça m'a mis la larme à l'oeil un instant. Alors, bon; on n'est pas chien, quand même).


Et sinon, je viens d'apprendre qu'il y aura non pas un, non pas deux, non pas trois, non pas quatre mais cinq (CINQ!) putains de volumes à cette série. Finalement, ça aurait peut-être une utilité: apprendre à meubler le vide intersidéral (c'est la version sf du cale-porte). Mais dans ce cas, amis libraires, il vaudrait mieux le mettre au rayon Développement personnel, sous-section "Manuel du parfait astronaute en mission intergalactique sans cryogénisation".

alfredboudry
2
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le 8 janv. 2021

Critique lue 176 fois

Alfred Boudry

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