Babysitter
7.3
Babysitter

livre de Joyce Carol Oates (2022)

Vous vous souvenez de Suburbicon avec Matt Damon ? Ce film où des blancs, furieux de voir des noirs emménager dans leur quartier, les accusent de semer la violence… alors que ce sont eux qui affichent un visage haineux et destructeur ?


Babysitter de Joyce Carol Oates m'a provoqué la même sensation. Dans l'Amérique qu'elle décrit, la bourgeoisie blanche s'enlise dans ses propres travers, mais ce sont toujours les minorités qui trinquent.


Hannah, bourgeoise privilégiée, vit dans un cadre sécurisé, protégé. Pourtant, elle s'ennuie. Et de cet ennui naît sa propre descente aux enfers. Pendant qu'elle s'égare dans sa misère existentielle, un innocent meurt, sacrifié sur l'autel d'un système qui a besoin d'un coupable…


Dans l'Amérique de JCO, ces riches bien sous tous rapports, persuadés que la menace vient de l'extérieur, sont en réalité les architectes de leur propre chute. Adultère, mensonges, pédophilie, manipulations, violences psychologiques, meurtres, mépris de classe, magouilles financières… Pendant qu'ils jouent aux blancs victimes apeurés, prêts à acheter des armes contre la menace des minorités, ils sèment des graines d'immoralités gerbantes.


Je suis passée par plusieurs états émotionnels. Je me suis même demandée pourquoi je lisais ce roman qui me montrait toute une classe de privilégiés, tandis que je peine à trouver logement et travail. Eux, au lieu de profiter de leur chance pour faire quelque chose de bien, derrière leurs belles façades, leurs peaux crémées de produits coûteux, leurs beaux bijoux, leurs galas, leurs maisons parfaites avec leurs jardins parfaits, je croyais voir des créatures hybrides grotesques tout droit sorties du Jardin des Délices de Bosch (pas la partie Paradis)…


Beurk beurk beurk. Et pourquoi lit-on ce roman qui ne montre que des humains abjects ? Eh bien, parce que, comme pour Zombi, la plume est captivante, absorbante, impossible de détacher ses yeux du roman. Quel talent de nous faire apprécier un livre tout en détestant ses personnages ! Quel talent !

gabylarvaire
7
Écrit par

Créée

le 26 mars 2025

Critique lue 12 fois

gabylarvaire

Écrit par

Critique lue 12 fois

D'autres avis sur Babysitter

Babysitter
Once_Upon_a_line
6

Dark

Ecriture encore une fois maîtrisée, une narration en kaléidoscope qui se fait par fragment, brisés et par instants. J'ai beaucoup aimé la lecture générale du roman, même si, par moment, j'ai eu du...

le 17 mars 2024

1 j'aime

Babysitter
Mister_Pop
8

Pour un public averti, un livre prenant qui fait froid dans le dos et peut choquer

Très bonne découverte ! J'avoue que je ne connaissais pas Joyce Carol Oates mais je ne risque pas d'oublier ce 1er livre avec ce Babysitter !Le livre est à la fois prenant, l'intrigue est...

le 28 avr. 2025

Babysitter
gabylarvaire
7

Critique de Babysitter par gabylarvaire

Vous vous souvenez de Suburbicon avec Matt Damon ? Ce film où des blancs, furieux de voir des noirs emménager dans leur quartier, les accusent de semer la violence… alors que ce sont eux qui...

le 26 mars 2025

Du même critique

Bikini Atoll, tome 1
gabylarvaire
7

Le nucléaire c'est mal

« le dernier endroit où faire du tourisme », ou Mais quelle drôle d'idée d'aller en vacances sur une île qui a subit des essais nucléaires peu après la seconde Guerre Mondiale…70 ans plus tard, un...

le 19 nov. 2023

1 j'aime

Horrorstör
gabylarvaire
8

Critique de Horrorstör par gabylarvaire

Les éditions Milan forcent mon admiration pour s'être embarquée dans une création qui combine le fond et la forme du roman. de ce fait, je me retrouve avec un concept littéraire entre les mains...

le 19 nov. 2023

1 j'aime

Not All Robots
gabylarvaire
9

Critique de Not All Robots par gabylarvaire

1/ L'être humain a détruit le monde, le reste de l'humanité vit sous des dômes dirigés par des robots. Chaque foyer est doté d'un robot. le travail étant attribué à ces derniers, l'être humain glande...

le 19 nov. 2023

1 j'aime