Betty
8.1
Betty

livre de Tiffany McDaniel (2020)

une Petite Indienne et un Grand Indien

Voilà le roman que j'attendais depuis Mille Femmes Blanches de Jim Fergus (publié en 1998).
Je ne vais pas faire le résumé de Betty ici, et aller directement aux faits.
J'ai retrouvé dans ce livre ce qui m'a fait vibrer il y a 10 ans le roman de Fergus.
La magie.
C'était la magie Cheyenne dans 1000 Femmes Blanches, c'est la magie Cherokee chez Betty.
La magie des récits amérindiens, la puissance des croyances ancestrales, l'amour infini pour les siens, pour sa tribu, pour la nature.
Bien que le livre se nomme Betty en référence à sa jeune narratrice, le véritable héro et personnage principal de Betty, c'est bien son papa Landon Carpenter.
Véritable magicien, conteur, inventeur, guérisseur, homme et père incroyable.
Je n'ai jamais rencontré au fil de mes lectures une figure paternelle aussi bouleversante.
Cet homme fils de Cherokee qui, malgré la brutalité du monde, fait à chaque instant de ce dernier un endroit magique pour ces 6 enfants et sa femme bien aimée, mais trop abimée par son passé, Alka.
Betty est la Petite Indienne de son papa car elle lui ressemble, parce que comme lui elle a la peau brune et la magie des Cherokee dans le cœur.
Comme lui elle est la cible de moqueries, de brutalité, du rejet à l'école.
Alors Betty s'échappe de sa classe, et retourne écouter son papa lui raconter des histoires sur la nature qui les entoure, sur les étoiles qui tombent du ciel pour atterrir dans le jardin derrière chez eux.
On a le cœur brisé quand Betty finit par ne plus croire aux histoires de Landon, quand on réalise qu'il refuse peut-être de voir le mauvais dans ce monde au point de fermer les yeux sur l'indicible (je pense à l'histoire de Fraya, l'ainée de ses filles).

Betty raconte son enfance de ses 7 à ses 19 ans, au milieu de nul part dans une maison accusée d'être maudite par les habitants de la petite ville (fictive) de Breathed dans l'Ohio.
Parfois, au vu de la dureté des épreuves que traversent la famille Carpenter, on se laisse à croire qu'elle est bien maudite cette maison.
Mais soyons raisonnables, une maison ne saurait être responsable de la folie et la violence humaine, du sort réservé aux femmes et à ceux dont la peau n'est définitivement pas assez blanche.
Le récit est parfois tendre, parfois terrible, mais toujours très juste.

Je fait le parallèle avec Mille Femmes Blanches car la petite Betty aurait pu être la digne descendante de May.
Les deux récits ont le point commun d'être narrés par une femme (May, d'une trentaine d'année à la fin des années 1870-80 et Betty, petite fille des années 1950-60) qui cherche sa place dans le monde non seulement en tant que femme mais aussi en portant sur ses épaules cette double culture, cette richesse et cette douleur d'appartenir à un peuple à l'agonie dans Mille Femmes Blanche et déjà presque disparu dans Betty.
May est cheyenne de cœur, Betty est Cherokee par le sang.
Les deux femmes écrivent, racontent leur histoire sur le papier pour qu'elle ne soit jamais oublié.
Pour que tout l'amour qu'elles ont ressenti ne disparaisse pas, que la magie de leur peuple perdure.
Avec presque un siècle de différences les deux affrontent la violence des hommes, parce qu'elles sont des femmes libres.
Dans un roman comme dans l'autre, il ne fait pas bon être une femme. De toute façon il ne fait pas bon être une femme tout court.
Pour ne pas terminer sur cette note un poil déprimante, je vous conseille vivement de découvrir l'histoire de Betty et de son papa Landon. Une petite Indienne et un Grand Indien.

luciembl
8
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le 1 févr. 2021

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luciembl

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