Après la légère déception de La vie très privée de M. Sim, il était temps de repartir vers le passé proche de Jonathan Coe, à savoir le premier épisode d'un diptyque qui suit les mêmes personnages durant leur lycée, dans les années 70 à Birmingham, puis dans les années 2000.

Ainsi donc, on retrouve avec plaisir, dans ce Rotter's club, le talent de l'auteur à nous faire apprécier une galerie de personnages hauts en couleurs, au frasques bien souvent hilarantes, mais aussi sa pertinence dans la description du ressenti de cette époque à la fois sombre et lumineuse, entre les joies de la libération sexuelle et la gravité de la promesse d'accession au pouvoir de Thatcher et sa clique.

Le monde adulte et le monde adolescent se confrontent d'ailleurs au début du roman, quand l'auteur nous fait suivre la liaison vouée au tragique d'une jeunette et d'un père de famille leader syndical de son entreprise.
Puis le livre se concentre surtout sur les lycéens de l'institution King William, laissant de côté les implications plus politiques du récit. Dommage, car on pouvait s'attendre à retrouver cette veine polémique qui charpentait à merveille Testament à l'anglaise.

L'auteur semble avoir consacré les premiers chapitres de son livre à l'exposition de l'ambiance régnant durant ces années sombres durant lesquelles le nationalisme anglais était fort, l'IRA semant la terreur sur le territoire britannique et les ouvriers s'inquiétant (à juste titre) de la récession à venir, pour mieux dessiner les contours d'un roman initiatique par la suite.

Après lecture, cela peut laisser un gout d'inachevé, et aussi l'impression que le livre est inégal.
Néanmoins, la faculté de l'auteur à jongler entre ses personnages et entre les styles, à injecter du sang frais dans ses péripéties et à sonner toujours juste, confine en général au génie. A tel point que, même face aux passages les plus faibles du bouquin (un long monologue ponctué exclusivement de virgules, certaines situations et personnages vite expédiés comme le professeur Plumb, le romantisme exacerbé de Benjamin), la lecture est d'une fluidité rare, ce qui fait oublier tous les petits défauts qu'il est possible de relever.
En cela, Bienvenue au club mérite nos louanges.
T_wallace
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le 22 juin 2011

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T_wallace

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