Passage à l'âge adulte, avec tout ce que cela comporte en transformations du corps et de l'esprit, les relations avec les filles, l'influence de sa famille, les hésitations sur son comportement, Bienvenue au club relate la vie de jeunes anglais qui ne s'intéressent pas (encore) au monde dans lequel ils évoluent, qui ne le comprennent pas toujours et qui essaient tant bien que mal de se faire une place dans celui-ci.
Comme on est dans les années 70, la musique rock, pop et punk est omniprésente mais ne dérangera pas pour autant les non initiés ; la lutte des classes est quant à elle le fil rouge du livre avec le syndicalisme et le patronat en opposition, de même que le conflit avec les irlandais ou plus généralement le mépris des autres peuples du "royaume uni" comme les gallois.

L'ensemble est vraiment passionnant, agréable à lire, le talent de Jonathan Coe crève les yeux et on est sans cesse surpris par les changements de style introduits dans les divers chapitres, que ce soient les chapitres épistolaires, le faux dialogue qui nous prend au piège jusqu'à ce que l'on comprenne l'astuce ou les alternances de pensées d'un couple en train de s'éloigner.
Le pêle-mêle stylistique est réussi quoique hétéroclite et l'audace de l'auteur prend autant au tripes que certains passages du roman, comme cette fin de chapitre marquant la fin d'une vie.

On s'étonne de la diversité des thèmes abordés (plus ou moins en profondeur il est vrai), de la variété des styles d'écriture, du nombre de personnage et surtout de la méticulosité avec laquelle ils ont tous été traités.
Bienvenue au club est drôle, triste, mélancolique, imaginatif, surprenant et touchant à la fois ; il sait conjuguer les atermoiements de l'adolescence avec les complications politiques et sociales de l'époque, les tempêtes des relations amoureuses (mariage, liaison adultère, premiers émois, relations purement sexuelles) et leurs conséquences sur le comportement humain.

Et si la fin peut décevoir un tantinet par son côté un peu trop fleur bleu et le fait qu'elle s'étire inutilement, cela n'occulte pas le plaisir que l'on a tiré de sa lecture, l'attachement aux personnages, l'émotion procurée par certaines séquences et plus généralement la qualité de l’œuvre.

De quoi se réconcilier avec la littérature moderne !
ngc111
8
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le 27 déc. 2012

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ngc111

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