Trois recueils de poèmes présentés dans un ordre contraire à la chronologie composent ce livre souvent cité comme représentatif du courant de la négritude. Du long poème qui forme les quatre parties de Black-Label suintent des émotions fortes, la fierté de l'appartenance à la race noire mais aussi la rancœur du poète en tête, poète qui exprime dans le chant II l'envie de voir Paris, donc l'Occident, colonisé à son tour. La partie suivante se concentre davantage sur une rencontre amoureuse, thème majeur du recueil Graffiti qui vient à la suite, avant un déraillement inintelligible qui pousse Léon-Gontran Damas à clamer « vivent les fous » et « à mort » ceux qui le brident ; les ultimes mots de Black-Label sont d'une telle confusion que la critique du Mercure de France prend tout son sens : « [Damas] n'est pas un poète exceptionnellement doué ». Si le Guyanais fait reposer son style sur « la répétition qui engendre le rythme », sur l'absence de ponctuation et sur le recours aux lettres capitales, son œuvre manque cruellement de verve. C'est particulièrement flagrant dans le dernier recueil, Poèmes nègres sur des airs africains, qui n'est qu'un pur travail de traduction de la part de Damas et qui ne produit aucun effet, ni à l'oreille ni à l'esprit. Il semble logique de ne trouver ce livre que dans les réserves obscures des bibliothèques municipales.