Un scénario détraqué
Echenoz est de retour et c'est une bénédiction autant qu'un délice, forcément. Dans Bristol, l'intrigue n'a qu'une importance relative, mettant en avant un réalisateur de cinéma sans talent aucun,...
le 26 janv. 2025
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Bristol, Jean Echenoz, Minuit
Robert Bristol est réalisateur. Il tente de monter son prochain film, d’après le roman d’une célèbre autrice. On croisera dans ce roman une actrice retirée du cinéma qui ne rêve que de revenir, une starlette, un suicidé, un flic, un commandant d’une milice africaine, un éléphant, des assistants réalisateurs, un acteur bellâtre…
Robert Bristol traverse les faits divers sans vraiment les voir, il pense à son film, à sa vie sans s’intéresser ni remarquer ce qui se passe autour de lui. Pas de l’égoïsme, plutôt de l’étourderie, de la rêverie. Dans ce roman qui part dans tous les sens pourrait-on croire, mais qui est diablement maîtrisé, même si l’auteur en défend, en laissant libre ses personnages, leur donnant le choix de ne plus apparaître ou de disparaître pendant plusieurs chapitres, la légèreté est de rigueur, l’humour très présent. J’ai beaucoup ri aux mésaventures de Bristol, aux tournures de phrases de Jean Echenoz, à sa manière de nous intéresser à du futile, du banal. Son écriture est fine, malicieuse, parfois poétique lorsqu’elle décrit les lieux -"Froissement feutré, frileux, fragile de la pluie quand elle tombe..."-, la nature, drôle et d’une beauté rare. C’est plein d’inventions comme la rivalité entre les platanes et les chênes dans un parc, et toujours bellement écrit.
Les situations sont loufoques, les personnages itou, le fond du roman est sans doute un peu léger aux yeux de certains, il ne dénonce rien, ne dresse pas de portraits en profondeur de personnages tourmentés, non, tout est dans le finesse, l’art de l’écriture, le talent de bouger les mots dans la phrase pour la rendre plus belle. C’est une comédie, subtile et délicate, poétique et littéraire. Et finir par une citation d’Eric Pessan qui sied à merveille à Bristol : "qu’un grand ouvrage peut se permettre d’être naïf là où on l’attendait profond, léger là où on le souhaitait touffu, simple là où on le croyait complexe. Qu’il n’y a aucune règle, que c’est le résultat qui importe et l’effet que le livre aura sur son lecteur"
Créée
le 17 juin 2025
Critique lue 23 fois
Echenoz est de retour et c'est une bénédiction autant qu'un délice, forcément. Dans Bristol, l'intrigue n'a qu'une importance relative, mettant en avant un réalisateur de cinéma sans talent aucun,...
le 26 janv. 2025
3 j'aime
Me voici abasourdie, sidérée, ébahie, bouche bée, déconcertée, éberluée, médusée, soufflée et je dirais même plus interloquée. Par quoi ? me direz-vous. Par les nombreuses critiques très élogieuses...
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le 25 avr. 2025
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le 16 juin 2025
1 j'aime
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Alors, alors, alors,... comment parler de ce roman graphique qui est étonnant, totalement barré, bizarre, beau, fort, loin de tout ce que j'ai pu lire en BD, qui part dans des délires oniriques et...
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le 11 févr. 2017
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Précisions liminaires : Martin Panchaud est suisse et cet album est paru d'abord en langue allemande en 2020 avant de trouver un éditeur français. Il vient d'obtenir au salon de la bande dessinée...
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le 13 févr. 2023
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J'ai du mal à saisir la ligne éditoriale des éditions Gallimard qui publient ces tracts hautement instructifs et intelligents et qui, il y a quelques années voulaient publier les pamphlets...
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le 6 mars 2022
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