Bug-Jargal est le tout premier roman de Victor Hugo. Ecrit alors qu'il n'avait que 16 ans ce roman qu'on a tendance peut-être à négliger prend pleinement place dans l'oeuvre romanesque et politique colossale que nous a légué cet auteur.
C'est l'histoire d'une femme au centre des convoitises. Aimée d'un esclave et de Léopold d'Auverney.
C'est aussi l'histoire d'une amitié entre un noir et un blanc et la confrontation d'un esclave tyran à un autre au tempérament diamétralement opposé.
Pour moi cette oeuvre n'est pas qu'un divertissement et va au-delà du simple pari. Le jeune Hugo se donne les moyens d'une ambition qu'il nourrit dès le plus jeune âge. Bug-jargal prend largement place dans l'oeuvre de notre auteur d'abord par son engagement politique et par les germes qu'il porte non pas dans le style (méconnaissable, j'aurai pu le lire sans me douter que c'était un Victor Hugo, on commence à trouver la fameuse plume de cet auteur à partir de Han d'Islande) qui est très sobre mais dans la façon de nouer l'intrigue et dans les thèmes abordés.
Le précoce et encore conservateur enfant de seize ans est néanmoins loin d'être dépolitisé et montre implicitement son engagement Abolitionniste dans ce roman. Avec notre héros Pierrot le clément, le protecteur et le véritable parangon de vertu qui fait preuve jusqu'a la conclusion du récit d'une inébranlable abnégation face à sa condition d'homme et d'esclave.
L'opposition entre un noir tyrannique, Biassou, et Pierrot nous pousse en outre (et ce fut sans doute plus le cas au XIXe siècle) a remettre en question notre vision ethnocentriste et raciale du monde. Quel avant-gardisme !
Si Victor Hugo se joue d'une multitude de symbole fort pour nourrir notre réflexion, c'est avant-tout parce qu'il sait oser et mettre en branle les idées reçues que Burg-jargal est puissant.
Ma seule déception fut la conclusion du roman que j'ai trouvé brutale. Comme un arrière-gout d'inachevé...