Note de l'auteur : je préfère faire une critique globale du roman, sans prendre en compte la séparation en deux tomes. On retrouvera donc la même critique et la même note sur les fiches des deux livres.
J'aurais lu le roman de Stephen King après avoir vu l'adaptation télévisuelle et le film sorti en 2017. Cela a forcément une incidence sur ma vision de l’œuvre, cela a forcément biaisé mes attentes même s'il est toujours difficile de saisir dans quelle mesure, jusqu'à quel degré cette relation à l’œuvre littéraire de Stephen King en a été affectée.
Quoiqu'il en soit j'ai dévoré les centaines de pages, j'ai été surpris en bien et en mal par ce que j'y ai découvert. J'ai regretté la présence discrète de Pennywise, moins personnifié, moins incarné et finalement moins terrifiant que ce que à quoi je m'attendais. D'ailleurs je n'ai jamais vraiment ressenti la peur en lisant "Ça", le roman est parfois violent, cru mais pas effrayant. Le clown ne s'adresse que très peu aux enfants, il apparaît souvent de loin et le monstre est bien plus incarné par l'araignée vers la fin du livre.
"Ça" n'est peut-être pas réellement un livre d'horreur, qui donne des frissons, mais bien plus un livre sur la psychologie de l'enfance et du passage à l'âge adulte, sur les vicissitudes de l'Amérique profonde, sur l'amitié... et un peu livre de science fiction.
Tout cela n'est pas forcément une critique mais l'on en revient toujours aux attentes et au fait qu'elles soient comblées ou non.
S'il ne remplit pas toutes les conditions du contrat en terme de peur, le roman satisfait pleinement son lectorat en ce qui concerne la caractérisation des personnages et étale leurs profils individuels ainsi que la nature de leurs relations au gré des pages avec du contenu et bien entendu plus de matière par rapport aux films.
Pas des héros mais loin d'être des ratés (comme le laisse entendre l'appellation de leur groupe), ces sept enfants (puis adultes) sont attachants, ne nous apparaissent jamais distants même si certains auraient mérité plus de traitement encore en terme de background.
La narration quant à elle se veut audacieuse, puisque intriquée de morceaux de passé et de présent (mais aussi d'articles quasi journalistiques) et ce tout au long du roman, comme pour se mettre en écho de la mémoire pénible à reconstituer (car s'effaçant progressivement) des membres de la bande.
Une belle idée un peu gâchée par l'écriture parfois pénible de Stephen King. D'aucun ne seront pas d'accord mais le style est parfois agaçant, les scènes d'actions peu palpitantes à suivre, l'écriture devient trop simpliste lorsqu'il s'agit de restituer les impressions et surtout les pensées des personnages, ennuyeuse quand il s'agit de relater les évènements de la ville. Cela peut sortir un peu le lecteur du récit à certains endroits même si l'excellence du rythme et le suspense bien mené compensent plutôt bien tout cela.
Je ne serai pas aussi dithyrambique que certains sur la qualité de ce roman mais il n'en reste pas moins intéressant à lire, car il prend le temps d'installer son contexte, ses personnages, les fait évoluer, et ce malgré des faiblesses d'écriture et des manques en terme d'horreur et d'angoisse qui décevront ceux qui chercheraient à se faire peur.
"Ça" ne fait pas peur mais ça se lit bien.