Après la première incursion peu convaincante de Stephen King dans le polar, il me tardait de voir si cette seconde tentative serait plus excitante et réussie et si ce cher Stephen en avait vraiment sous le coude en matière de Polar.


La réponse est définitivement oui. Ouf !


Le King est de donc de retour et étonnement ce livre se situe plus dans le registre de "Revival" que de "Mr Mercedes". Je m'explique :
Tout comme "Revival" était un cri d'amour aux auteurs fantastiques de la part du Maitre, "Carnets Noirs" est un vibrant hommage à la littérature classique américaine et notamment à "L'Attrape-Cœur » (« Catcher in the rye » en VO) de JD Salinger. King crache ses influences et c'est le haut du pavé.


Il est étonnant de constater à quel point Holden Caufield a influencé de manière parfois obsessionnelle des millions d'américains notamment ceux de la génération de Stephen King. On le retrouve partout ce Holden Caufield. Heloise Guay de Bellissen en a récemment écrit un livre, « Les Enfants de Chœur de l’Amérique » traitant de cette fascination quasi-morbide sur le sujet. Il est intéressant de voir que l'art n'est qu'un amalgame de fils tissés d'un auteur à l'autre.


"Finders Keepers" locution enfantine américaine qui se traduit par "qui trouve garde", en plus d'être le nom de l'agence de Bill Hodges, le héros détective de cette trilogie, résume à merveille l'intrigue du livre. C'est la fascination pour ces carnets et le personnage de Jimmy Gold (sosie de Holden Caufield si vous avez suivi) qui conduiront les personnages à s'entre-déchirer pour s'approprier les fameux Carnets Noirs qui donnent le titre au roman.


King nous coud donc une intrigue de velours de son aiguille magique, nous brodant des personnages faits de soie et de taffetas. On notera la récurrence des thèmes qui lui sont chers. Ici, l’obsession du fan pour un écrivain. Obsession qui se caractérise par une perte de contrôle, une dérive qui mène aux confins de la folie. « Misery » et « La Part des Ténèbres » l’ont déjà démontré.


Pour garder une constance voire un fil rouge dans la trilogie, le personnage de Mr Mercedes plane en filigrane sur ce livre, l'épiçant de quelques grammes de stress additionnel, une sourde menace, un rappel des tragédies passées.


Comme à son habitude, l'auteur prend son temps pour installer son intrigue. Et comme souvent, c'est avec saveur. Le King nous fera voyager d’une époque à l’autre, chapitre après chapitre, de la fin des années 70 à nos jours. On s'immerge lentement dans l'univers proposé et on prend le temps de faire connaissance avec les personnages principaux :


• Bonjour je suis Peter Saubers, j'ai 13 ans, et je ferai tout ce qu'il faut pour protéger ma famille. Quitte à mentir. Quitte à tromper mon entourage.
• Bonjour, je suis Morris Bellamy et je suis le fils de pute qui va te traumatiser de la première à la dernière page de ce roman.
• Bonjour, je suis Bill Hodges, ces aventures me tueront...


La fin laisse supposer un volume 3 explosif. Sa sortie est prévue pour juin 2016 aux Etats-Unis sous le titre "End of Watch". Dites monsieur Michel Albin, ça sort quand chez nous ?


https://cestcontagieux.com/2016/05/19/carnets-noirs-de-stephen-king-la-chronique-blanche-comme-neige/

David_Smadja
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le 19 mai 2016

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