Les Chroniques d'une société liquide sont une compilation non exhaustive de Bustine di Minerva, une rubrique publiée par Umberto Eco dans l'Espresso entre 1985 et 2015. L'ouvrage ne contient que les chroniques écrites entre 2000 et 2015. Les autres sont compilées dans Comment voyager avec un saumon et La Bustina di Minerva.
Les Bustine sont ici organisées thématiquement et de manière non chronologique. Parmi ces thèmes on trouve : la soif de notoriété, le racisme, les téléphones portables, la religion, etc. En somme, une ribambelle de réflexions sur cette "société liquide", qui serait celle de notre monde moderne dans lequel les liens sociaux sont de plus en plus fluides.
Comme l'indique Eco dans l'introduction, certaines répétitions persistent entre les différentes bustine malgré les efforts de l'auteur pour les minimiser au maximum. Ces répétitions sont largement accentuées par l'organisation thématique de l'ouvrage. L'une des première section, intitulée "être vus" contient des chroniques assez redondantes, où le même sujet est développé plusieurs fois sans beaucoup de variation. C'est aussi dans ces premières sections que se trouvent les moins intéressantes des bustine. Celles ci ne manquent pas nécessairement d’intérêt à cause de leurs qualités, mais plutôt parce que les sujet qui y sont traités sont parfois devenus des lieux communs depuis la date originale de leurs parutions.
Il ne faut toutefois pas s’arrêter à ces premières pages un peu rébarbatives. Les bustine des sections suivantes sont bien plus intéressantes et bien moins répétitives. Eco ne s'y montre pas seulement extrêmement érudit, ce qui ne fait aucun doute, mais aussi très humain et mesuré, et il parvient à échapper à la condescendance du ton professoral en maniant adroitement une douce ironie. Les réflexions sur la religion, le racisme, le complotisme, et les livres, sont particulièrement intéressantes et d'une remarquable profondeur compte tenu de la brièveté des chroniques (rarement plus longues que trois pages).
Il est un peu dommage que les meilleurs de ces réflexions arrivent seulement après le premier quart du livre. On peut se demander si les premières sections n'auraient pas pu être réduites. L'ouvrage n'en aurait pas été moins intéressant, et sans doute plus percutant. Quoiqu'il en soit la lecture des bustine est agréable et drôle et, cerise sur le gâteau, on en ressort sans doute plus cultivé qu'en y entrant.

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le 26 juin 2019

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