La mécanicienne, le prince, l’épidémie et la reine lunaire

Cinder, le premier tome des Chroniques lunaires et premier roman de son auteur, édité par Pocket Jeunesse à New York en 2012, est une version revisitée de l’histoire de Cendrillon. On pourrait même dire que le conte populaire a subi un lifting drastique, puisque l’auteur, Marissa Meyer, y ajoute intrigues politiques, épidémie et science-fiction. On retrouve bien évidemment certaines lignes directrices de l’intrigue d’origine (la belle-mère, le prince, …) mais aussi de nouveaux personnages (les lunaires, la reine, …).
Marissa Meyer, 31 ans, vit à Washington avec son mari et ses trois chats et, selon son site, pourrait, ou pas, être un cyborg.


En 412 pages, nous découvrons l’histoire de Linh Cinder, cyborg mécanicienne à Néo-Beijing orpheline qui vit sous la férule de sa belle-mère et propriétaire. Je dis bien propriétaire, car les cyborgs sont considérés davantage comme des robots que comme des humains et sont donc de simples possessions.


L’intrigue est difficile à résumer, car elle a plusieurs enjeux. Tout d’abord il y a la rencontre de Cinder avec le prince Kai. Ce dernier souhaite faire réparer un robot par la mécanicienne la plus douée de la ville : Cinder. C’est avec ces deux personnages que va se dérouler une romance peu surprenante au vu du matériel de base de l’histoire. Cette relation reste cependant crédible, contrairement à celle du conte d’origine.
Ensuite il y a l’épidémie de létumose, une mystérieuse maladie qui ravage la ville et dont le vaccin est désespérément recherché.
Finalement, il y a les lunaires, les descendants des premiers colons de la lune qui possèdent de mystérieux pouvoirs et dont la reine nourrit de sombres desseins pour la terre.


« En voyant luire le croissant de lune, Cinder sentit la chair de poule se répandre sur ses bras. La lune lui avait toujours inspiré un sentiment de paranoïa, comme si ses habitants pouvaient l’observer, comme si elle risquait d’attirer leur attention en la fixant trop longtemps. Superstition ridicule, bien sûr, mais tout ce qui avait un rapport avec les Lunaires n’était-il pas étrange et effrayant ? »


Ce roman de science-fiction fantaisiste se déroule donc dans un futur loin d’être utopique : lunaires et cyborgs sont haïs (abordant donc aussi le thème du racisme) et tous craignent la létumose qui se déclare sans crier gare chez les habitants.


Cinder doit donc se débrouiller dans un imbroglio politique et survivre à sa « belle-mère » qui lui voue une haine invétérée.


La complexité de l’histoire la rend difficile à expliquer, mais c’est aussi ce qui en fait sa richesse. Cependant, il n’en demeure pas moins que le récit présente quelques défauts. Pour commencer, on déduit assez facilement certains rebondissements grâce à des indices peu subtils lâchés au cours de la lecture. On pardonne toutefois facilement ces faiblesses devant l’univers bien construit du roman.
Ensuite, certaines décisions des personnages sont discutables. Je pense en particulier à Cinder, qui comme la grande majorité des héros, n’est pas capable de prendre un avertissement correctement et se jette sans réfléchir dans l’action, ce qui va irrémédiablement lui attirer des ennuis.
Un deuxième personnage qui me pose problème est le docteur que je considère comme l’équivalent de la marraine la bonne fée du conte d’origine. Pensez un peu à la marraine la bonne fée qui attendit plusieurs années avant d’intervenir auprès de sa filleule, l’abandonnant ainsi à une famille abusive sans motif valable. Lorsqu’elle intervient enfin, c’est pour lui fournir robe, carrosse et chaussures de verre au lieu d’une maison très loin de sa méchante belle-mère. Le docteur agit un peu dans le même sens ; tout au long de l’histoire, il va avoir connaissance d’informations très importantes. Au lieu de suivre le bon sens et de tout expliquer calmement à Cinder, il lui révèlera ces informations au compte-goutte, ce qui contribue grandement à tous les problèmes que rencontrera Cinder. La marraine et le docteur ont en commun leur effroyable timing.


Malgré ces quelques défauts, Cinder est-il un livre dont je vous recommande la lecture ? Sans aucune hésitation, si vous aimez la littérature pour jeunes adultes qui a plus à offrir qu’un triangle amoureux !


De Keyzer Juliette

Créée

le 19 avr. 2015

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