J'ai quand même été cassant avec tes deux premiers (trop) gros bouquins. Le deuxième était meilleur que le premier: le premier était pire que le deuxième, force est de constater que toi aussi tu te répétais tristement, dans les deux tomes. "Cinquante Nuances de Grey", c'était vraiment histoire de nous prendre pour des cons, ton style étant abyssal (et pas au sens où Joey Tribiani l'entend). Tu as fais de grands efforts pour le deuxième tome, qui est franchement mieux, passant directement dans la catégorie des "livres mauvais, mais qui se lisent sans trop de difficultés". Je me demandais bien ce que tu allais nous faire, non sans peur, avec ce dernier tome. J'avais l'envie un peu honteuse que ce soit réussi, car quelque part, j'ai accepté les nombreux défauts de tes bouquins et me suis accomodé du non-style de ton écriture. Je voulais savoir ce qui arrivait, bien que l'évènement majeur est quand même carrément prévisible (mais je ne spoilerai rien, pour les lecteurs les moins imaginatifs (ou bien ceux qui n'ont pas lu de romances avec des vampires sexy)).
Franchement, c'est bien mieux. Bien bien mieux. Certains aspects s'en sont que plus énervants. Tout d'abord, l'abondance de richesse m'énerve. Ca me soule. Je ne suis pas envieux de la fortune des Grey, qui peut faire rêver au départ, mais sans déconner faut arrêter. Offrir des bagnoles toutes les deux secondes, des bracelets en diamant-platine je ne sais quoi, des tableaux de merde à plusieurs milliers d'euros, stop, quoi. On s'en branle. Elle est riche, on a compris et on peut se passer des remarques du genre : "Je renverse sans faire exprès un peu de champagne à 500 dollars la bouteille sur la table". Franchement, quoi! Ridicule!
Les bons points: le retour d'un minuscule côté hard-porno (ton bouquin a un versant porno James, contrairement à ce que tu t'évertues à nier dans les interviews... Cela ne contredit pas le côté "histoire d'amour", mais ne tente pas de crier à "l'érotisme" ici, car cela signifie que tu ne perçois pas la limite entre les deux). Et ce côté est sympathique, étant tout de même divertissant dans une moindre mesure.
Les personnages semblent enfin un peu plus cohérents: la machine est mieux huilée, on voit moins les failles dans l'histoire, on se dit moins souvent que les personnages sont en carton. Ils parviennent même quelque fois à devenir attachants, ceci quand ils ne se ridiculisent pas, bien évidemment.
J'ai assez aimé la deuxième moitié du bouquin, qui se lit vraiment très bien, d'une traite, étant un feu d'artifices de rebondissements prévisibles mais évidemment puissants. James joue les grosses cartes en fin de saga. Ana commence à devenir raisonnable et arrête de cracher des phrases lamentables à s'en tordre de rire. C'est plutôt un bon point, les crises d'hilarité n'étant pas prévues au départ par l'auteur.
Je finirai par la toute fin du livre, que j'ai trouvé pour le coup réussie. Ce grand épilogue est grave cool. Franchement. Si on enlève le côté fleur bleue à vomir. Mais certaines scènes sont bonnes. Autant le dire clairement, j'ai été assez content du travail de James, qui, même s'il n'est toujours pas bon, est bien plus enthousiasmant que sur les deux tomes précédents. C'est donc une bonne surprise.
Par contre, je préfère le dire maintenant, le projet de James pour son "prochain livre", il faut tout de suite arrêter le délire. Une sorte de journal parlant de son écriture de la trilogie, et donnant des conseils d'écritures divers aux femmes, leur proposant de "s'émanciper par l'écriture". Tout le blabla sur l'émancipation par l'écriture, okay, mais en quoi James va-t-elle aider? Si ses bouquins sont addictifs au sens où une histoire stéréotypée à l'eau de rose, même si c'est con, ça intéresse toujours des lecteurs lambdas-masochistes, il faut bien se comprendre sur un point: James n'écrit pas bien. Je le répète, certaines scènes sont réussies, passent très bien. Mais la grande majorité du bouquin est remplie d'une écriture mauvaise, désagréable, empiétant un propos qui, s'il n'est pas passionant, finit par intéresser le lecteur. Alors, franchement, donner des conseils d'écriture, faut pas fumer la moquette, non plus.
Alors voilà. cette trilogie a certains mérites, en-dehors de ceux vantés par la presse (regains de libido quez quadras et je ne sais quoi encore...). Cela permet d'avoir son propre point de vue sur, il faut le dire, un phénomène dans le monde littéraire, et de pouvoir critiquer avec style. Cela permet de bien se fendre la gueule, aussi. J'ai joint à la fin de la critique un lien avec les vingt expressions les plus ridicules trouvées dans la trilogie. C'est à mourir de rire. Et enfin, cela permet de vider l'esprit entre deux lectures ardues, ayant en plus le bon sens de s'améliorer de manière croissante au fil des tomes.
NB: le lien avec les meilleures répliques: http://evene.lefigaro.fr/livres/actualite/cinquante-nuances-de-grey-les-20-citations-les-plus-ridicu-1247242.php