Cité
7.7
Cité

livre de Pierre Bordage (2022)

J'ai beau m'y attendre, je me laisse prendre à chaque fois. Eh ouais, Bordage nous sort encore avec cette trilogie une saga de derrière les fagots, du niveau de ses productions les plus mythiques. Les esprits chagrins diront sans doute que c'est parfois cousu de fil blanc, que ses personnages sont un brin manichéens, qu'il use parfois de l'émotion à la truelle et que ses thématiques varient moins que les environnements dans lesquels il les insère. Soit. Mais le plaisir de lire est intact. Je me suis parfois fait la réflexion que Bordage était fini, Métro 2033 y apporte le meilleur des démentis.

Je précise tout de suite que je rédige une seule chronique pour l'ensemble de la saga, dans la mesure où il s'agit bien d'un seul et même bouquin, avec enchainement direct et poursuite de l'action d'un tome à l'autre. Ainsi qu'une totale unité de style. De plus, je ne révèle jamais quoique ce soit de l'intrigue dans mes chroniques. Et puis, ça me fait moins de boulot, même mon alibi de flemmard est en béton armé. Je placerai donc un lien vers celle-ci dans mes chroniques des tomes 1 et 2.

Avec Métro 2033, on est dans le style post-apocalyptique, déjà exploré par Bordage, mais plutôt dans un mode rural. Alors que là, c'est franchement urbain, parisien même. Puisque l'intrigue se déroule au sein d'une humanité reléguée dans le métro parisien consécutivement à une sorte d'apocalypse nucléaire. Formant une micro-société qui on s'en doute n'est pas franchement reluisante. L'imagination de l'auteur fait merveille pour décrire celle-ci, avec ses structures sociales et politiques, ses communautés, ses mutants bien sûr (les radiations, hein), ses rites et ses religions : évidement, ces dernières sont forcément de la fête, c'est l'une de ces fameuses thématiques que Bordage non ressert à chaque fois qu'il en a l'occasion.

Le récit est trépidant, prenant, énormément d'action comme toujours, des rebondissements et une structure chorale centrée autour de quelques personnages clés. Recette maintes fois éprouvées, mais qui fonctionne à merveille quand on la maitrise bien. Si le réalisme n'est pas toujours de mise (on n'est pas dans la hard science), le bouquin est une fois de plus porté par l'humanisme de son auteur - je devrais dire sa foi dans l'humanité - qu'il oppose aux déchainements de cruauté et de violence auxquels se livrent certains de ses personnages.

Difficile enfin de ne pas voir le truc comme une allégorie de nos sociétés : une humanité enterrée et aussi enlisée dans ses individualismes et ses rivalités (vive la concurrence), ses guerres et la quête de pouvoir de quelques uns, qui aspire à voir la lumière du grand jour, mais ne parvient à le faire que de façon fugitive, par la grâce de quelques individus.

Bref, chaudement recommandé aux fans de Bordage, les autres n'y verront peut-être que les défauts que j'ai évoqué au début de ce texte.

Marcus31
9
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le 18 oct. 2022

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