Comment cuire un ours, Mikael Niemi, Stock (traduit par Françoise et Marina Heide)
1852, village de Kengis dans le grand nord suédois, une servante est retrouvée assassinée dans la forêt. Le pasteur Lars Levi Laestadius, premier convoqué sur les lieux recueille les indices, les détails qui pourront permettre de confondre l’assassin, aidé par Jussi un jeune orphelin sami qu’il a recueilli quelques années auparavant.
Roman difficilement classable car il prend dans ps mal de genres. Il prend son temps pour installer les personnages, pour installer le décor, pour installer l’intrigue, pour raconter l’époque et le pays et pour décrire la nature. La région, peu connue est celle où a grandi l’auteur et celle où a réellement vécu Lars Levi Laestadius. Il fut un pasteur qui voulut réformer la religion protestante et l’amener vers davantage de rigueur, revenir au texte, lutter contre l’alcoolisme et les vices qui s’étendent en ce milieu de siècle, ce que Mikael Niemi nomme "l’Éveil".
La plupart du roman est racontée par Jussi, le jeune orphelin sami, qui joue le rôle du candide, amoureux fou et désespéré de Maria qui ne le calcule pas, et forcément raillé voire méprisé parce que venant d’une minorité.
Et le lecteur de se balader en fonction des chapitres entre la lutte religieuse, les promenades ou les randonnées dans le pays et bien sûr l’énigme de l’assassinat de la jeune femme. Et c’est un vrai plaisir, tant les propos sont intéressants, bien écrits, bien amenés, parfois avec des traits d’humour. L’on sent la dureté de vivre dans ces années-là dans ces contrées éloignées, le poids de la religion, la difficulté d’être une femme ou une jeune fille. Le fait que la résolution ou la tentative de résoudre l’assassinat dure et est régulièrement coupée par quelques digressions n’a rien de frustrant puisqu’à chaque fois, l’auteur parvient à nous intéresser à ce qu’il écrit et je dirais même que cette technique nous permet de rester un peu plus longtemps dans le grand nord et que c’est très bien ainsi.