Les Contes de la folie ordinaire , ou Erections, Ejaculations, Exhibitions and General Tales of Ordinary Madness dans sa si...grandiose version originale , est un recueil de nouvelles écrites par Charles Bukowski , paru en 1972. De Bukowski , je ne connaissais que son très très bon Factotum qui fut pour moi - sans être une révélation vis à vis du genre si décrié du réalisme sale - une approche convenable de l'ouverture des mœurs littéraires de cette époque post-Flower Power durant laquelle les écrivains , Californiens comme Bukowski ou Fante (qu'il faudra que je lise un jour) , se sont soudainement mis à traiter du très trivial quotidien en appuyant fortement sur ses plus sordides détails. Bukowski , c'est l'ogre , l'archétype de l'écrivain/poète maudit de cette période qui ne connaîtra de succès que tardivement dans sa vie .
Et quel succès ! Les Contes de la folie ordinaire traitent , d'une certaine manière , de l'introduction de Bukowski à un univers radicalement différent de celui de Factotum. Si dans ce dernier roman Chinaski/Bukowski nous narrait sa difficile survie , tiraillée entre ses convictions presque politiques sur l’accession à une situation humaine et son désir d'écrire pour vivre - saupoudré bien évidemment de tout ce qui fait Bukowski : biture , morpion et autre baise poisseuse - , ces contes prennent le contre pied du premier roman de l'écrivain. A présent , Bukowski est reconnu par tous...sauf par ceux qui le côtoient.
Les vingts fragments qui composent les Contes de la folie ordinaire nous emmènent donc à naviguer , tout en empruntant le cerveau répugnant de Bukowski , entre les scènes d'une existence chavirée comme autant de récifs escarpées. Chinaski , l’éternel exilé , semble avoir disparu au profit d'un Bukowski qui demeure foncièrement le même largué , le même alcoolique , le même porc. Mais un porc poétique , un porc presque "pardonnable et Bukowski en a pris conscience , et cela l'amuse énormément ; vous saisissez la différence ?
Pour être honnête , on lâche que très difficilement ce recueil , et ce même si il se transforme en quelque chose de fortement ennuyeux à un certain moment durant sa lecture.... Le caractère paillard de l'oncle Heinrich s'insinue en chaque phrase , faisant de cette oeuvre une sorte de diamant du voyeurisme. Il ne doit il y avoir que deux ou trois nouvelles sur les vingts qui ne contiennent aucune scène de copulation grasse ! Alors l'attention du lecteur que vous êtes - et que j'ai donc été - ira decrescendo tout au long de son étude. La fascination des premiers instants laissant place au delà de la dixième nouvelle à une sorte de vaste lassitude quant à l'aspect figé dans l'écriture d'Hank.
Ce livre , malgrès sa violente perte de sens , demeure une véritable expérience. Le lire dans les transports en commun Marseillais est une chose que je vous déconseilles très fortement si vous tenez à ne pas vivre d'instants gênants durant lesquelles vous devrez avoir à vous expliquer , verbalement ou à grand coup de regards défensif , avec votre voisin de siège sur les tenants et les aboutissants de cette étonnante lecture. Des usagers bien souvent intolérants ou intrusif comme n'importe quels usagers des transports en commun Marseillais , désœuvrés , parfois mêmes éméchés . Que ce soit la licencieuse couverture du livre , ou les titres accrocheurs de ses nouvelles ( "La machine à baiser" ; "Le petit ramoneur" ; "La chatte blanche" ;...) , tout est fait pour provoquer dans votre environnement proche des réactions que j'ai eut la chance , ou la malchance de susciter chez mes contemporains. Mais la faute à qui ? Mes lectures , ou leurs conceptions des choses ? Les deux mises bout à bout , sans aucun doute.

Le-debardeur-ivre
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le 29 oct. 2017

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