Contre-jour
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Contre-jour

livre de Thomas Pynchon (2006)

il y a un hic : le livre est énorme.

Vous vous êtes dit Chiche, j'irai jusqu'au bout. Et c'est une erreur. Passé la moitié, il se délite, se décompose, tourne à vide, se faisande même.


N'oubliez pas : c'est un Pynchon. Donc une escroquerie. Superbe, cette fois. Et un ratage. Une escroquerie et un ratage, parfois superbe, comme ici, parfois juste pitoyable, comme Vice Caché. Parfois presque honnête, comme Vineland.


Pas un livre, Contrejour, des paquets d'écume que le vent fait sauter d'un lieu à l'autre, d'un monde à l'autre sans vous donner de gps. C'est incroyable, ça ne ressemble à rien, c'est un de ceux qui m'ont le + surpris, happé, capturé;


...et boulimique j'ai lu jusqu'au bout, hélas ! parce qu'à la moitié + ou -, c'est comme si l'auteur s'était donné un nombre de pages à atteindre, Guiness Book, et continuait à courir pour ça, canard sans tête. Et vous avez tellement aimé la première moitié que vous n'imaginez même pas fermer le bouquin sans finir : c'est l'erreur.


A la fin, pour faire fin, Pynchon va même commettre la grossièreté inexcusable de réunir lourdaudement ( si, ça existe maintenant puisque c'est écrit là ! ) les êtres épars de son récit choral et de leur fabriquer un destin commun, là où on se contentait de les voir errer de-ci de-là. Il aurait pu juste arrêter d'écrire, au milieu d'une phrase, nous planter là, et le livre aurait été parfait ( Il faudrait apprendre aux écrivains à ne pas finir leurs livres ).

- Alors pourquoi 9/10 ?


parce que cette moitié les vaut largement, elle vous embarque dans des mondes parallèles diaprés où des passants qui semblent les images déformées de figures historiques poursuivent des quêtes sans queue ni tête, luttent pour leur vie parfois, mais plus souvent pour des idées étranges ( à la Corto ), se promènent ou se perdent.


Le récit (?) tremble comme un reflet de lumière fugace sur une goutte de rosée suspendue à un fil de la vierge qu'accroche par hasard un dirigeable glissant au ras des herbes - vous voyez ? ce genre de sensation, ce genre de souvenirs - dans des lieux et des temps improbables.

moranc
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le 6 sept. 2023

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moranc

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