De Dantec, j'en étais resté à Villa Vortex, techno thriller passionnant, rempli d'idées de génie mais plombé par une dernière partie où l'auteur sombrait dans un salmigondis philosophique lourd et emmerdant, à tel point que j'avais fini par lâcher le roman puisque ça ne racontait plus rien (à part un délire méta ampoulé).
J'ai beaucoup hésité à lire "Cosmos Incorporated". Parce qu'entre temps, Dantec a fait son coming out faf, déjà palpable dans "Villa Vortex", il s'est mis à fréquenter la mouvance identitaire et il a fini par devenir papy facho (son "Théâtre des Opérations", sorte de journal intime, est une espèce de recueil de pensée façon bar pmu que n'aurait pas renié un chroniqueur de Hanouna). Alors forcément, un bouquin qui présente un futur en proie à un djihad mondial, ce fantasme ultime d'extrême droite, ça agit comme un repoussoir chez moi, j'ai tout sauf envie de lire le programme du RN dans un roman.
Allez savoir pourquoi j'ai décidé après tant d'année de laisser une chance au roman. Sachez que je le regrette.
Pourtant au départ, ça ne commence pas si mal. "Cosmos Incorporated" est une espèce de best of des deux précédents romans de l'auteur Grenoblois exilé au Canada. On y retrouve un personnage de mercenaire Russe (ne me demandez pas d'où vient l'obsession de Dantec pour l'URSS) et des jumeaux comme dans Babylon Babies couplé à l'écriture cyberpunk de Villa Vortex, écriture aussi séduisante qu'irritante quand elle a tendance à se reposer sur ses tics un peu répétitifs. Plotkine est un tueur à gage à qui on a effacé la mémoire pour qu'il puisse passer les multiples contrôles de ce monde ultra technologique. Sa mémoire lui revient par bribes et très vite, il se souvient de sa mission : abattre le maire de Grande Jonction, petit territoire autonome Mohawk en plein Canada. Toujours influencé par les auteurs cyberpunk et la musique rock, la première moitié du roman ressemble à une espèce de "The Killer" SF traversé d'idées géniales et de descriptions fascinantes. Certes, ça avance très lentement mais c'est plutôt plaisant à lire malgré des défauts évidents (une constante chez Dantec).
Et puis, au bout de 250 pages, Dantec part complètement en roue libre. C'est parti pour 300 pages d'une bouillie indigeste philosophico mystico mes couilles, à base de néologisme, d'anglicisme, de name dropping stérile... C'est la dernière partie de Villa Vortex en pire. Ça ne raconte plus rien. Et j'ai failli balancer le bouquin par la fenêtre. Je suis allé péniblement au bout en espérant je ne sais pas trop quoi mais force est de constater que j'aurais dû m'arrêter bien avant et lire autre chose. De temps à autre, l'intrigue revient de façon temporaire, par petits morceaux mais ça ne change pas grand chose.