Abreuve-toi du vice et du scandale, jeune Padawan
Formaté dans ce monde de fous, au milieu d'une foule aux allures de masse angoissante. Flux incessant à sens unique dans les bouchons du trafic. "Crash!" ou l'ascendant de la technologie sur l'être humain, la course au vice. L'accident de voiture envisagé comme source d'excitation et recherche des limites de soi. La violence d’une collision tel un moyen de se sentir vivant dans un monde dénué de sens.
Preuve d’une écriture réussie aux mots finement choisis, les descriptions internes de Ballard amènent, l'espace d'un instant, à concevoir et légitimer voire à toucher du doigt le côté malsain du vice. Tableaux de bord et carrosserie représentés comme œuvres au potentiel sensuel, de quoi voir les voitures et leurs possibles esthétiques différemment.
Si le sexe suinte de partout dès les premiers chapitres à en devenir d’une lourdeur exaspérante, on se doit d’invoquer la force et de continuer à tourner les pages pour finir par se faire alpaguer. Vite, on se rend compte que l'érotisme exacerbé n'est ici qu'un prétexte, une façon de rendre légitime la thèse portée par l'œuvre. Les scènes érotiques, qui peuvent parfois paraitre trop récurrentes, s’imposent pourtant parfaitement comme fil conducteur non substituable.
Technologie stylisée, corps modélisés, sexe, vice, violence, voyeurisme, imbécilité de la masse à l'affut du scandale... J.G. Ballard dépeint avec justesse une métaphore sombre du monde dans lequel on vit : un endroit en perdition duquel on ne peut s’extirper.