Histoire bien menée sur un thème prometteur, gâchée par un style par trop indigeste...
Johan Heliot m'ayant été chaudement recommandé, son "Ordre noir" et ses "Faerie hackers" figuraient en bonne place (mais non encore lus) sur ma pile en attente, lorsque je me suis plongé en urgence (pour des raisons semi-professionnelles) dans le nouveau venu, "Création".
Soyons le plus objectif possible : le thème est très bon, renouvelant habilement à la fois la quête des origines et le "contact" extra-terrestre, avec une tonalité contemporaine très pertinente, la construction narrative est très bien menée, avec un réel brio par moments, mais (et c'est un gros "mais")... le style est (pour moi) horrible. Vraiment. Au point que je me suis forcé à aller au bout tant j'avais du mal. Entendons-nous bien : le roman n'est pas MAL écrit, ce qui serait sans doute irrémédiable, mais parsemé d'un (beaucoup trop) grand nombre de scories réellement indigestes.
Vous, je ne sais pas, mais moi, des phrases comme :
"Une première lecture accélérée permit néanmoins à Saïd d'en extraire la substantifique moelle."
"Le Boeing avait amorcé sa descente sur l'aéroport international de Los Angeles depuis une dizaine de minutes. Derrière le hublot, un nuage de pollution masquait les hauteurs de la skyline du centre-ville. Le vol en classe affaires s'était effectué dans des conditions proches du rêve."
"La cinquantaine admirablement conservée, le ventre plat et les épaules larges, il devait passer pas mal d'heures en salle pour se préserver ainsi des outrages du temps."
"Il se coula dans son siège pendant le décollage, plaqué au dossier par les lois de la physique, s'efforçant de contenir un sourire de satisfaction."
... et bien, des phrases comme celles-là me coupent tout plaisir de lecture, en me faisant glisser lentement mais sûrement (car il y en a tout de même beaucoup au total) vers une sorte d'hilarité pas très charitable...
Je vais lire les autres Heliot qui attendent sur ma pile, pour en avoir le cœur net - car une fois encore thèmes et trames narratives me paraissent vraiment le mériter : problème structurel de style, ou simple succession d'inadvertances occasionnelles ?
