Après plusieurs tomes ayant été un conte longue version, Serena Valentino se dirigea dans un cadre réaliste avec Cruelle Diablesse, premier tome de la saga Disney Villains à être paru et situé dans l'ordre chronologique des mésaventures de nos méchants préférés.

Chose ingénieuse, afin que l'univers réaliste du Disney Les 101 Dalmatiens se mêle bien à celui du cadre des contes détachés du réel dans le reste de la saga, Miroir, Miroir , L'Histoire de la Bête , Pauvre âme en perdition , Maîtresse de tous les maux , N'écoute que moi et Les étranges soeurs soient mentionnés en tant qu'histoires que se racontent Cruella et Anita entre elles. Ce qui fait un joli clin d'oeil aux lecteurs suivant la saga depuis la parution du premier tome.

Clin d'oeil n'étant pas envahissant pour des lecteurs découvrant l'histoire avec ce livre consacré à Cruella sans avoir besoin de connaître l'intégralité de la saga Disney Villains pour autant.

Revenons sur la mésaventure elle-même. Est-elle aussi intéressante que les précédentes? Et bien, non seulement elle l'est mais, également, elle innove par rapports à ses prédécesseuses. Déjà, contrairement aux tomes précédents où les histoires étaient racontées à la troisième personne, Cruelle Diablesse nous montre le point de vue de l'anti-héroïne à la première personne. Choix favorisant étrangement l'identification à la méchante/anti-héroïne tout au long du récit.

Et ce n'est pas tout. La Cruella de cette histoire est LOIN d'être la superficielle, pimbêche et cruelle femme que nous montre le film d'origine. Sans compter le fait que son amitié avec Anita ne sert pas juste de prétexte scénaristique à enlever de pauvres bébés chiots sans défense juste pour s'en faire un vêtement.

En effet, la pauvre soi-disant 'Cruelle Diablesse' comme on adore tant l'appeler grandit dans un milieu bourgeois superficiel autour de personnages détestables que ce soit certains amis méprisables de sa mère ou sa mère elle-même égoïste et cupide ne songeant qu'à faire des sorties mondaines, des dépenses énormes sans prêter la moindre attention à sa fille n'ayant personne pour la réconforter son père étant mort.

Seuls les domestiques et Anita elle-même apportent du réconfort à la jeune fille. Que ce soit ce personnage tiré du film ou les domestiques étant des personnages originaux, tous sont très attachants dans leurs manières respectives de vouloir aider la pauvre jeune fille délaissée par sa mère que ce soit sa amie Anita étant comme une soeur pour Cruella.

Malheureusement, l'arrivée de l'âge adulte et la descente progressive aux Enfers de Cruella réduira à néant cette amitié sincère.

Malheureusement, des traumatismes, le besoin insatiable d'amour et le refus d'admettre des évidences trop douloureuses vont petit à petit faire sombrer Cruella dans la folie.

Ici, pas d'ambiance de conte, pas de magie bienveillante ou malfaisante, ni de combats épiques. Juste de la manipulation psychologique dans un cadre réaliste montrant que le mal n'existe pas que dans les contes, légendes et fables mais également dans la réalité; réalité où il n'y a ni conflits de mages, ni de sortilèges bien intentionnés pour aider les gens malheureux ou mal intentionnés pour détruire une ou plusieurs personnes. Juste de l'arrivisme ignoble, des morbides histoires de gros sous dans une famille sans amour, du mépris de classe...

En gros, Cruelle Diablesse est bien glauque que ses prédécesseurs parce qu'il montre une forme de violence réaliste à laquelle nous-mêmes pouvons être confrontés si on n'est pas bien entourés pour y échapper et/ou si on fait confiance aux mauvaises personnes et en nous mentant à nous-mêmes pour nous bercer d'illusions sur le monde qui nous entoure.

Autre qualité, la descente aux Enfers de Cruella dans Cruelle Diablesse est aussi bien menée que celle de la Méchante Reine dans Miroir, miroir. Tout comme dans ce dernier, le tome 7 de la saga Disney Villains nous fait faire face à une cruelle ironie dramatique où l'on s'attache tellement à l'anti-héroïne qu'on n'a pas envie de la voir basculer du côté obscur. Basculement se faisant malgré elle à cause d'un entourage la fragilisant et l'endoctrinant jusqu'à ce qu'elle n'écoute plus les personnes lui voulant réellement du bien.

Chose très habile, bien que dans cette réadaptation par Serena Valentino, Cruella n'ait pas recours au dognapping par cruauté gratuite mais pour une raison tragique, l'histoire montrant Cruella devenir folle et faisant du mal aux personnes qui l'aiment ou tentaient de l'aider nous fait comprendre avec subtilité qu'expliquer n'est pas excuser l'anti-héroïne/méchante n'hésitant pas à voler les chiots de sa meilleure amie pour arriver à ses fins;

En effet, contrairement au film Disney où Cruella voulait faire un manteau pour elle-même, cette dernière espère créer un beau manteau de fourrure pour avoir enfin l'amour de sa mère cruelle et égoïste aimant plus les fourrures que sa propre fille.

Avec toute la tristesse que cette réadaptation du film Disney nous fait subir, ce livre pourrait être aussi bien que Miroir, miroir. Malheureusement, ce n'est pas le cas. En effet, contrairement au tome 1 de la saga Disney Villains où la fin prenait un peu son temps malgré deux derniers chapitres un peu rapides, celle de ce tome 7 va beaucoup trop vite au point que l'on a pas le temps de profiter pleinement de la folie de Cruella à son paroxysme les derniers chapitres étant trop écrits à la va-vite pour qu'on ait de la peine pour l'anti-héroïne/la méchante qui aurait pu choisir une autre voie si sa fragilité émotionnelle ne l'avait pas poussé à bout.

Cinquante pages de plus auraient été les bienvenues afin que l'on profite pleinement de l'ironie dramatique et que l'on ait autant de peine pour la Méchante Reine, Maléfique ou encore Gothel durant les lectures de Miroir, miroir , Maîtresse de tous les maux et N'écoute que moi .

Malgré tout, Cruelle Diablesse a des qualités indéniables et le lire n'est pas une perte de temps et montre que Disney n'est pas forcément manichéen.

Comme l'a si bien dit Serena Valentino dans les dernières pages du livre

Finalement, rien n'est jamais aussi noir et blanc que le pelage d'un chiot dalmatien dans la vie, même pour une femme diabolique telle que Cruella d'Enfer

Voilà! Cette critique est la dernière écrite dans l'ordre chronologique des tomes de la saga 'Disney Villains' et non pas dans l'ordre de parution des tomes. À l'heure actuelle, après 'Cruelle Diablesse', il n'y a plus d'ordre chronologique "conseillé" aux lecteurs et la saga est toujours en cours.

À partir de maintenant, si cette saga parvient à continuer de m'intéresser, je ne pourrai les critiquer que dans l'ordre de parution des autres livres même si Serena Valentino décide de continuer à faire publier les tomes dans le désordre.

Espérons que non.

BlackBoomerang
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le 4 juin 2023

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