Bon , ça suffit.
Je viens de m'apercevoir que quasiment tous les Robicheaux que j'ai lus (les cinq premiers) se retrouvent à 4,5 étoiles sur 5 dans mes critiques.
C'est injuste et soyons bien clairs: ils méritent pour au moins trois d'entre eux 5 étoiles. Je me suis fait ma petite justice et celui-ci sera bien au max.
Que vous dire, désormais, sur ce bon vieux Belle-mèche?
C'EST JUSTE INCROYABLE A LIRE. C'est trop bon. Je ne sais comment vous paraitre suffisamment enjoué afin de vous convaincre d'attaquer ces bouquins.
Je ne lis pour ainsi dire jamais de roman noir. J'avais adoré le Dahlia Noir d'Ellroy (mais vraiment adoré), puis j'ai lu James Lee Burke. Et c'est juste un auteur magnifique.
Dans les Robicheaux, franchement, on s'en tamponne le coquillage de l'intrigue policière de fond. Ce qu'on aime, c'est les dialogues qui te foutent des droites dans l'épigastre à chaque fois, c'est cette humanité étrange et si riche nichée chez Dave qui parfois se brise en éclair assourdissant de violence, ce sont les relents d'un passé d'alcoolique qui viennent hanter les brumes opaques du bayou, ce sont ces ciels à deux doigts de se fendre et larguer des pluies torrentielles sur des paysages sentant la jacinthe et les ordures, ce sont ces bouiboui de la Nouvelle-Orléans crasseux et dans lesquels les néons viennent dévoiler quelques vices, ce sont ces torpilles d'huîtres et ces glaces à la menthe bien appréciés après avoir dégommé un mafieux trop zêlé...
Franchement, quand je vois la condescendance avec laquelle on traite les romans de genre dans certaines émissions, j'aimerais bien voir la tronche de ces critiques devant de tels bouquins (surtout au vu des bouses parfois récompensées par les grands prix littéraires).
Pour se faire plaisir, je vous donne un petit exemple:
"Parce qu'il est difficile de jouer au dur et au vertueux à l'égard d'un homme qui, pour le restant de son existence, se réveillera probablement au milieu de la nuit avec toujours le même cauchemar, ou dont la série d'aubes grisâtres n'offrira jamais plus promesse de lumière, hormis celle qui jaillit, tremblante, affûtée comme un rasoir, du premier verre de whiskey de la journée."
Très sincèrement, je me demande si Burke n'est pas l'auteur le plus beau, au sens stylistique, que j'ai pu lire. Il écrit vraiment bien, ça serre à la gorge plus d'une fois, ça transpire d'humanité.
Alors bon, je vous ferai pas l'histoire (y a des meurtres et y a Robicheaux), car vous aurez compris que la richesse est ailleurs?
J'ai par ailleurs commencé le film avec Tommy Lee Jones mais l'ai bien vite arrêté. Toute représentation de Robicheaux, même par un grand acteur, est une trahison pour mon imagination.