De la limite

Résumé : Dans le secret de son atelier, le philosophe ou le savant, qu'il réfléchisse sur l'homme, la nature ou la société, poursuit sans fin une quête de limites. Limites de sa discipline et de son objet, qui déterminent ce qui est pensable, concevable, pour chacun d'eux, à ce moment donné de son histoire et de l'histoire de sa culture. Limites qui indiquent donc aussi, comme en négatif, le domaine de ce qui reste inconcevable et formulent : cette question mystérieuse et contradictoire : comment 'reconnaître cet inconcevable, comment le circonscrire comment le dire ? Les différents contributeurs de l'ouvrage issus d'un grand nombre de champs disciplinaires couvrent l'ensemble des domaines et des objets des sociétés d'aujourd'hui, puisque la notion de " limite " paraît bien être un marqueur significatif de l'expérience, collective ou intime, du monde contemporain.Extrait du livre :François Jullien, Etienne KleinFrançois Jullien : Je vais tout d'abord dire quelques mots sur cet usage nouveau, consistant et fréquent, réintroduisant le mal comme cause de l'histoire. Vous vous souvenez de la formule du président Bush : «Appelez cela comme moi l'axe du Mal ; appelez cela comme vous le voulez, mais nous devons dire la vérité.» Cela nous conduit à penser au rapport du mal et du négatif, qui n'est pas le mal.Je définirai simplement le négatif comme la logique de cission/opposition continûment au travail, dans la vie, dans l'histoire, dans la cons­cience, à travers laquelle tout procédé d'existence se constituant en sujet est appelé à se surmonter dans cette inadéquation de soi avec soi. Je pourrai aussi bien citer Balzac : «Je fais partie de l'opposition qui s'appelle la vie».Ce qu'on appelle la globalisation/mondialisation aujourd'hui change radicalement les conditions du négatif, cette logique de cission/opposition qui se manifestait, jusqu'à récemment,