Une fleur s'est perdue dans la boue

Malgré l'antipathie que je peux éprouver pour son auteur, il faut bien dire que ce livre est salutaire. Yann Moix voulait sans doute écrire son Dernier jour d'un condamné, ou son J'accuse, et ce n'est donc certainement pas sans l'arrière-pensée de passer à la postérité qu'il a défendu la cause des migrants, des "exilés" comme il préfère dire. Mais s'il y a beaucoup de choses à reprocher à Yann Moix, ce n'est sans doute pas de, une fois n'est pas coutume, prendre l'air du temps à contre-courant pour défendre les plus opprimés des opprimés.
En bref, on ne pourrait rien reprocher à ce livre s'il n'avait pas été écrit par son auteur. On peut apprécier ou non le style. Il en a, du style, c'est certain, et beaucoup seront agacés par ces considérations formelles en affirmant que c'est un luxe inutile d'y mettre la forme. Je ne suis pas de cet avis : lire du Élisée Reclus, du Jean Jaurès, ou du Victor Hugo est un plaisir autant intellectuel qu'esthétique, et la forme peut porter le fond.
Le principal problème "formel" ici est bien l'identité de l'auteur de cette défense nécessaire du sort des exilés. Il n'est pas question de béatifier Yann Moix sur-le-champ pour une bonne action au milieu d'un océan de boue. Mais si l'on veut bien abandonner l'idée qu'une personne est soit totalement bonne soit entièrement mauvaise, on pourra admettre que quelqu'un d'habitude fort avec les faibles et faible avec les forts a su, une seule fois mais une fois tout de même, se montrer fort contre les forts.
Le documentaire qu'il a réalisé en parallèle est par contre très mauvais et ne mérite pas qu'on s'y attarde cinq minutes.