(Je suis vraiment désolée pour le titre, j'ai adoré ce livre, énorme respect et tout, mais justement, tout ce qui va suivre me semblait presque trop sérieux)

Demande à la poussière c’est surement l’un de ces livres dont, si l’on m’en parle dans deux semaines, deux mois, deux ans… je pourrai encore livrer le ressenti qu’il m’a procuré. En le reposant après avoir tourné la dernière page, on se rend déjà compte que l’on vient de lire quelque chose… d’unique, ai-je envie de dire, qui ne ressemble à rien d’autre et laisse une impression bizarre de plaisir et d’amertume, aussi.

Demande à la poussière, c’est John Fante, Arturo Bandini, A. Dominic Bandini, lui, eux… Ce qui frappe en premier c’est la sincérité, la mise à nu de Fante qui en fantasmant à tout va sur ce qu’il veut/va être, avoue forcément de par le fait qu’il ne l’est pas encore et ne le sera peut-être jamais. Peut-être deviendra-t-il un grand écrivain, mais peut-être restera-t-il un énième scribouillard inconnu, se nourrissant d'oranges et de lait chapardé. C’est cette façon de s’exprimer, à la fois simple, directe mais talentueuse qui fait que l’on se prend les phrases en pleine gueule et quand, par moment, dans de superbes passages, Fante devient un peu plus lyrique, poétique même, cela touche à l’excellence. Parce que le beau le parait encore plus lorsqu’il émerge de la poussière…

Demande à la poussière c’est Camilla, Véra, une prostituée… Mais surtout Camilla. Personnage à la fois ultra-présent et évanescent. Mexicaine se voulant américaine, fière avec Bandini, se laissant mépriser par un autre, une volcanique latine s’éteignant peu à peu… Il est dit que tous doivent retourner à la poussière… C’est à cause (ou « grâce », car ce sont ces passages qui nous font aimer Arturo) de Camilla que se révèlent les faiblesses de Bandini, intimidé qu’il est par sa princesse Maya.

Demande à la poussière, c’est un livre d’Arturo Bandini, pour Arturo Bandini, sur Arturo Bandini, même le tremblement de terre de Los Angeles découle directement, forcément, de ses actes à lui. Comment pourrait-il en être autrement ? Il est le grand, le seul, l’irrésistible Bandini. Mais pourquoi ne pas se contenter d’écrire sur soi lorsqu’on le fait si bien ? Ce qu'il raconte presque le mieux ce sont justement ces petites banalités du quotidien, ces errances en ville, ce qui se passe dans sa tête... Alors je n'ai pas eu besoin qu'il me conte d'extraordinaires aventures, mais plutôt que grâce à son style, les siennes le deviennent.

Je n’aime pas donner de conseil, donc si ça vous branche, allez-y.

Par contre, attention, peu laisser une impression douce-amère.
Pravda
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le 7 mars 2013

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Pravda

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