Jean Marie Napoléon Désiré Nisard, homme politique, écrivain et critique littéraire oublié du XIXème siècle, est la cible de ce roman, dans lequel un Éric Chevillard habité par la rage cherche toutes les manières possibles d’éradiquer toute trace de Nisard.

Pourquoi donc s’en prendre à ce personnage médiocre ? Car Désiré Nisard, dès 1835, outre son opportunisme politique, sa servilité et la platitude de ses écrits, fut le déclinologue de la littérature française, la jugeant depuis la fin du XVIIème siècle irrémédiablement fichue. On pourrait penser Nisard définitivement oublié, mais les traces de son conservatisme étroit sont visibles partout, éteignoir de la fantaisie et l’imagination.

«Vous souhaitez acheter un feutre mou pour avoir un peu plus d’allure, un sombrero pour améliorer votre espagnol, une bombe pour pousser votre cheval dans la plaine, un melon pour ressusciter le burlesque, une casquette pour rajeunir, une cagoule pour que les choses changent, un bibi pour laisser parler la femme, une couronne pour être obéi, un canotier pour vos parties de campagne, un haut-de-forme pour épouser Métilde, désolé, la chapellerie Nisard ne vend que des bonnets de nuit.»

«Dans le pantalon noir, le sexe de Nisard fait une protubérance bénigne qui pourrait bien être cependant la tumeur dont périra le monde. Les bras de Nisard appellent l’étreinte du vide, il le tient embrassé contre lui, dans sa poitrine creuse ; ses doigts égrènent un chapelet, boulier du temps perdu.»

Alors avec son brio et sa fantaisie uniques, Eric Chevillard décline la liste imaginaire des forfaits de Nisard – notamment dans une série de crimes et actions délictueuses commises par ce coupable. Il invente toutes les façons de lui nuire et de l’éliminer, et tente de concevoir l’espace qu’on trouverait dans un livre sans Nisard, mêlant son humour à un hommage brillant à la liberté en matière de création.
MarianneL
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le 12 oct. 2013

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