Harvest of Time -ou, en français, La Moisson du Temps- fait parti de ces rares romans Doctor Who qui ont eu l'honneur d'une sortie en France. Peut-être est-ce dû au nom de son auteur, Alastair Reynolds, ou peut-être est-ce seulement dû à la qualité de son histoire qui, on peut le dire, est très bien ficelée.

Le (3ème) Docteur et sa compagne, Jo Grant, enquêtent sur l'effondrement d'une plateforme pétrolière appartenant à l'empire McCrimmon. Un survivant clame, en effet, avoir vu un trou se former littéralement dans la mer du Nord pour tout engloutir, ce qui a poussé Edwina McCrimmon à contacter UNIT pour découvrir ce qui s'est réellement passé. Cependant, une fois arrivés sur la plateforme, nos héros rencontrent une étrange résistance. Les secrets dissimulés par l'équipe semblent avoir un rapport avec l'apparition d'étranges crabes métalliques se donnant le nom de Silds et, surtout, un ancien ennemi emprisonné au cœur d'une centrale nucléaire. Quel est le rôle du Maître dans cette affaire? Et pourquoi tout le monde semble t-il oublier son existence ?

La Moisson du Temps est une histoire qui exploite à fond le principe de voyage dans le temps, au point d'enchaîner paradoxe sur paradoxe sans cependant tomber dans de la sur-complication inutile (chose assez rare dans l'Univers Doctor Who et qu'il me semble intéressant de souligner). Si les Silds vous sembleront être des ennemis de petit calibre au début, ils se révèlent terrifiants assez rapidement, et même s'il serait difficile techniquement de les exploiter dans la série TV, j'avoue que ça ne me déplairait pas de les voir à l'écran.

Cependant plus que l'histoire, le point fort de ce roman tient surtout à ces personnages extrêmement bien gérés et caractérisés avec, en premier lieu, le Maître. Nous sommes ici face à sa première incarnation connue (celle incarné par le très-regretté Roger Delgado), et j'avoue qu'il est très rare de toucher aussi juste dès les premières pages une personnalité pourtant aussi complexe. Ce n'est pas bien difficile, toutes ses interventions, toutes ses paroles, sont royales. Je pouvais parfaitement visualiser Delgado avec toute la majesté qu'il pouvait dégager, et j'avoue d'ailleurs avoir ressenti une bonne dose de nostalgie à de nombreux moments. Ses échanges avec le Docteur sont un plaisir véritable à lire, et sont d'une élégance franchement rare.

Le Docteur est lui aussi plutôt bien retranscrit : on sent toute la classe de l'incarnation jouée par John Pertwee, mais il est ici légèrement mis en retrait comparativement à son « meilleur ennemi ». Jo Grant, habituellement très discrète, prend ici un peu plus d'ampleur grâce à ses initiatives même si on regrettera le peu d'influence de ces dernières au final. De même, on regrettera aussi le manque de présence du Brigadier, qui est plus une «toile de fond» ici que réellement présent dans l'intrigue. Mais bon, pour le coup c'est mon cœur de fan qui parle !

Ceci étant dit, la qualité de l'histoire est malheureusement desservie par la version française, qui est une catastrophe. Les structures de phrase n'ont absolument pas été francisées et sont donc par conséquent extrêmement bancales. On se retrouve avec de véritables aberrations qui gênent considérablement la lecture et immersion, ce qui est franchement très dommage vu que le texte original était d'une grande élégance et fluidité. Si vous êtes capable de lire en anglais, franchement je vous conseille d'en rester à cette version, la VF ne vaut pas le coup de dépenser son argent.

Espérons que Milady sera plus vigilant sur les prochaines traductions et souhaitons que Reynolds nous publie un jour une nouvelle histoire du même calibre ! On peut rêver, non ?
Sigynn
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le 20 mars 2014

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