Ecoute
Ecoute

livre de Boris Razon (2018)

"Écoute" est le type même de livre qui promet beaucoup, lançant toute une séries de pistes somme toutes passionnantes, mais qui au final ne sait pas trop quoi en faire, le livre se terminant par un glacial rapport de police et escamotant la plupart des devenirs des personnages. Entre autres, ni plus, ni moins que le postulat d'Emilia Perez (Jacques Audiard aurait pu le créditer au générique...) De ces vies contrastées, autocentrées jusqu'au malaise, on apprend certes des choses, mais aucune véritable interaction ne fait jour entre les personnages. Tous sont animés par ce désir commun : disparaître, d'une manière ou d'une autre, chacun ayant ses raisons. Ces vies parallèles sont comme reliées à un moment du livre, mais rien n'en ressort vraiment, les personnages restent les solitaires qu'ils incarnent tout au long du roman. À cela viennent se greffer des personnages annexes, de moindre importance, quoique... Ah ! Fernando Pessoa n'était pas un poète, mais un alchimiste ! "Dans un premier temps, il a accueilli avec enthousiasme l’instauration de l’Estado novo d’António de Oliveira Salazar, dans lequel il voyait un remède aux désordres de la république chaotique qui avait succédé à une monarchie impopulaire. Avec le durcissement du régime, il s’est mué en critique du salazarisme." © Books 

Une personne est payée pour écouter toutes les communications qu'il perçoit des téléphones portables, c'est un policier. Un narcotrafiquant pour fuir veut changer de sexe... À part le personnage portugais, pour le coup lourdement chargé, la psyché des autres personnages nous est inconnue. Le livre avance donc bancal, inégalitaire dans le traitement des personnages, rate l'attentat final, ou du moins en parle à peine... En résumé on a l'impression que l'auteur occupe le terrain quand ce sont les passages avec le policier. Bribes de conversation de langage oral, la vacuité des appels téléphoniques, l'exiguïté du van... c'est un livre où l'on attend toujours le chapitre suivant pour sortir de la zone d'inconfort (et d'inintérêt) du chapitre en cours. Une lecture agréable mais déceptive.

abel79
6
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le 11 avr. 2025

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abel79
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