Après l'échec qu'est le premier tome (n'en déplaise aux fanboys et fangirls hystériques), Pierre Bottero réalise une nette évolution et amélioration pour ce second tome, censé montrer l'envol d'Ellana, la fin de son entrainement et son évolution jusqu'au début de la Quête d'Ewilan. A ce propos d'ailleurs, la fin nous reconduit au début "D'un Monde à l'Autre" où Ellana rencontre le petit groupe qui protège Camille. Si on peut relativiser l'intérêt de cette réécriture, notamment la scène où Salim voit un marchombre, on peut cependant apprécier le désir de lier les deux sagas.

Pour le roman en lui même, on assiste à du "grand" Pierre Bottero. Je met le mot "grand" entre guillemet, car on ne peut ressentir en un seul tome le même attachement qu'on a pu avoir pour la compagnie d'Ewilan, cependant, on s'attache bien vite à de nombreux personnages. Il faut dire que Bottero perd un peu de la poésie mielleuse et naïve du précédent volet pour revenir vers un style plus propre, plus sérieux et plus adulte. Il n'abandonne pas pour autant le grand attrait du précédent tome : la mort ! En effet, le second tome du Pacte des Marchombres permet de garder à l'esprit la complexité de l'univers. Mort, jalousie, doute, amour et haine sont au programme ! De belles réjouissances !
La relation entre Ellana et Nilem gagne en profondeur et ne se contente pas d'être superficielle. On pouvait craindre que Pierre Bottero n'ait souhaité conserver le cœur de la marchombre intacte afin de la préserver pour Edwin, son futur mari. Loin s'en faut, le tome 2 lui donne au moins deux amoureux et il est clairement sous-entendu qu'elle a eut plusieurs amants avant la Quête d'Ewilan. Bien que ça soit discret, on peut saluer cette preuve de maturité dans ce récit.
La relation, disais-je, gagne en profondeur. On voit la légère rivalité, mais le besoin d'aider, l'envie d'aimer, de soigner les blessures, le plaisir exquis du corps de l'autre. On voit également le déchirement entre la fidélité envers la guilde, envers soi-même et envers l'autre. Une tornade d'émotion puissante qui ne laisse pas indifférent.
Hurj Ingan va permettre de développer encore plus cette tornade, que ça soit par sa stature ou ses manières, ce personnage est unique. On peut y voir une légère influence de Bjorn par moment, mais dans ce cas, ça ne serait qu'en terme physique tant sa personnalité est hors de tout propos. Hurj montre une autre possibilité, un autre amour, rendant Ellana plus touchante, plus attachante, plus émotive aussi et plus libre au final. Hurj n'apparaît que peu dans l'histoire et pourtant il est captivant, clairement, il est la pierre angulaire de ce récit.
D'autres personnages sont bien entendu présents, malheureusement il me laisse souvent neutre. Jilano ne me touche guère, si il apporte une figure de maître prévoyant, il n'a guère de chaleur en lui. Les autres personnages secondaires permettent un développement de l'univers. Bien que peu complets, ils n'en sont pas moins intéressants.

De l'autre côté, ce tome montre la monté en puissance des Mercenaires du Chaos et la diminution de la force du conseil des Marchombres. Sans être bien amené, ce n'est pas pour autant loupé. En gros, on reste neutre vis à vis de cela, ça évolue, petit à petit. Cependant, je ne peux m'empêcher de regretter qu'on ne parle pas plus de la guilde, de son basculement petit à petit, et de la mort de Jilano.
Dans le même temps, on voit les répercussions de la trahison des sentinelle, la guerre contre les Raïs qui recommence à cause des Ts'Lichs. On comprend mieux pourquoi Ewilan est revenue pile au bon moment. Car au cours de 7 longues années, la situation s'est petit à petit dégradée. Et cette régression lente mais existante, c'est via ce tome qu'on en prend conscience. Là encore, c'est un plaisir.

Un passage mérite qu'on s'y attarde, c'est celui de la Sérénissime. Une cité merveilleuse. Ce passage sert à la fois à développer une idée que Pierre Bottero avait en tête, mais aussi à soutenir le personnage d'Ellana. La rencontre avec Andorel, un marchombre, va lui permettre de regagner confiance en elle et de découvrir que sa propre mère était une marchombre de talent ... Et là je dis STOP tant c'est grossier, mal amené, stupide et incohérent. Une marchombre, aussi douée que le dit Andorel aurait réalisé de grandes choses, n'aurait pas eut une mort si incohérente, qui la rend si normale. Et puis même, au final, on peut surtout se demander si il y a le moindre intérêt à faire se parallèle ?! On a encore une impression qu'Ellana est une élue, non par sa volonté et ses efforts, mais naturellement, par sa naissance, par la grâce de la nature. Ce passage est des plus mauvais et plombe complètement le livre.
L'ensemble du Sérénissime est d'ailleurs assez WTF tant on a l'impression d'avoir basculé dans un autre univers à ce moment. Cependant, le lien avec "Le Chant du Troll" me touche. C'est un moment de rêve qui amène à réfléchir d'avantage sur ce qu'était Gwendalavir pour Pierre Bottero. Et si tout ce monde n'était qu'un rêve, un rêve qu'on peut tous faire ? Ca expliquerait pourquoi ce monde est si merveilleux...


Un second tome de qualité qui nous embarque avec aisance dans Gwendalavir, on ne peut qu'attendre de voir comment ce conclura la trilogie des marchombres désormais.
mavhoc
7
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le 2 sept. 2013

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mavhoc

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