Critique du cycle "Elle est les ténèbres", T.8 et 9
"Elle est les ténèbres", sous-cycle des Annales de la Compagnie Noire, nous raconte l'histoire de la Compagnie durant sa guerre contre les Maîtres d'Ombres. Toubib a repris les reines de la Compagnie, reconstruit son armée et décide de marcher sur Belvédère contre le dernier Maître d'Ombres, pour accéder à la Porte d'Ombres et ainsi au Khatovar. Cette guerre compte d'autres enjeux et protagonistes venant également brouiller la donne et compliquer les règles du jeu : les Félons, traqués par Madame et Toubib, qui ont pour objectif l'avènement de l'Année des Crânes devant ressusciter Kina ; et Volesprit, qui rêve de bâtir un empire et se venger de sa sœur, Madame.
L'histoire nous est racontée sous la plume de Murgen, comme pour le T.7, mais contrairement à celui-ci, la chronologie des événements est respectée, ce qui rend l'histoire plus facile à suivre. Cependant, au bout de deux tomes écrits par Murgen, j'ai commencé à en avoir un peu marre. En effet, "son" écriture est radicalement différente de celles des précédents annalistes : moins recherchée, plus brute, on perd en qualité au niveau de la forme mais également du fond. Tous les annalistes nous font part de leurs réflexions personnelles au cours de leur narration, mais aucun ne le font autant que Murgen qui, ravagé par une dépression liée à la perte de sa femme, ne cesse de se lamenter sur son sort et se renferme sur lui-même, transformant par moment les annales en journal intime. Le résultat, c'est un récit vaguement morbide et, même si on commence par compatir sur son sort, il m'est simplement devenu insupportable au bout de quelques temps, à force de subir sa lamentation permanente sur sa vie et sa tendance au blabla autocentré sur lui-même qu'il mélange à l'histoire de la Compagnie...aaaaaaaaaah !
A côté de cela, et concernant l'histoire, celle-ci m'a captivé comme les précédents tomes. Je sais qu'en général, les lecteurs tendent à moins apprécier ces tomes de la Compagnie (notamment les tomes 7 et 8), trouvant qu'on commence à tourner en rond et à perdre ce qui fait l'intérêt du cycle. Personnellement, je suis restée complètement accrochée au récit (même si le style d'écriture adopté pour Murgen m'a moins plu, et que j'avais envie d'étrangler ledit personnage, et en faisant abstraction des instants lamentations). Toubib fait un capitaine plus renfermé que par le passé, qui confie moins ses projets à ses proches, et dont on se demande tout le temps : fait-il les bons choix ? Ou va-t-on se retrouver à nouveau avec un gros désastre sur les bras ? Le fait de pouvoir également connaître les mouvements, les actions et les paroles des adversaires de la Compagnie donne un plus à l'histoire en permettant de mieux connaître les personnages en question.
Cette seconde partie d'"Elle est les Ténèbres", en particulier, est de plus en plus captivante au fur et à mesure des pages...jusqu'à arriver à la conclusion, que je ne donnerais pas mais qui m'a fait un sacré choc. On s'attend tout le long à ce que quelque chose se produise mais ça, je ne m'y attendais pas, et j'ai bien souffert en devant attendre cinq jours avant d'obtenir le tome suivant !
Bref, un cycle qui ne perd pas de sa saveur au niveau de l'histoire, bien que le style de Murgen gâche un peu la chose.