Petit roman dont l’inspiration autobiographique est évidente, Elle et lui s’annonce d’emblée comme une réponse, ou plutôt un contrepoint, à La Confession d’un enfant du siècle, deux ans après la mort de Musset.
Cependant, si son sujet demeure poignant, et que certaines scènes vibrent d’une sincérité encore douloureuse, même plus de vingt ans après l’histoire d’amour aussi brève que tumultueuse entre les deux amants, j'admets avoir été plutôt déçue par sa lecture
En effet, l’écriture se révèle souvent pompeuse voire artificielle, en particulier dans les dialogues, dont la théâtralité devient parfois agaçante. La voix narrative, quant-à-elle, oscille entre l’intériorité vive de Thérèse/Sand et une narration rétrospective plus distante, presque professorale, qui crée une véritable rupture dans le ton. Le tout affaiblit le désir d’authenticité dont le texte semble pourtant témoigner. Enfin, malgré sa brièveté, le roman s’étire sur des longueurs répétitives, parfois franchement ennuyeuses, ce que le style ne parvient donc pas à compenser.
En ce qui concerne les personnages, le constat est le même. Celui de Thérèse, bien qu’honnête et attendrissant, reste trop lisse pour rendre crédible le drame amoureux. D’autre part, celui de Laurent est dépeint de façon caricaturale : débauché et terriblement enfantin, son manque de complexité trahit celle de l’histoire vécue par les deux amants, ainsi que celle de Musset lui-même, ce qui explique l’écriture en réponse de Lui et Elle par son frère, Paul de Musset.
Demeurent cependant la beauté d’un geste - celui de la réappropriation par Sand de son histoire et de sa douleur à travers la plume - ainsi que le plaisir de découvrir ce récit à travers un point de vue nouveau. Mais si l’intention est touchante, la lecture laisse à distance. J’en referme le livre avec plus de respect que d’émotion, et avec le sentiment que la vraie passion s’était déjà mieux écrite dans leurs Correspondances.