Zola chez les moujiks

Pardon pour ce titre facile et un rien condescendant, mais la Russie et moi c'est une longue histoire d'amour et d'amitié, elle me pardonne tout (comme je lui pardonne beaucoup).

C'est un très bon livre, écrit peu de temps avant les bouleversements de 1917, qui expose sans fard la misère morale et philosophique des campagnes russes, embourbée dans une suppression du servage mal fagotée, la superstition religieuse, l'alcoolisme, les violences conjugales et familiales (le mari tape sa femme, le grand-père tape ses petits-fils, les frères adultes s'échangent des mandales...) et, pour beaucoup, une grande misère matérielle. L'écriture de Gorki est puissante et directe, tout en gardant une vraie forme d'élégance bucolique parfois. Bon, les rapports humains sont violents, comme on peut s'y attendre, c'est parfois à la limite du supportable.
Je regrette simplement de ne pas l'avoir lu plus tôt, quand le XIXe siècle russe me passionnait (ce qui est moins le cas maintenant, ayant beaucoup lu d'ouvrages sur cette période de l'histoire russe dans ma jeunesse). Bref, intérêt émoussé pour ma part, mais classique à lire tout de même.