Nous sommes à bord d'un train avec une femme Algérienne (La narratrice) un Français qui a vécu un certain temps en Algérie, et une jeune fille dont le grand père est pied noir. Nos trois personnages voyagent dans le même wagon à destination de Marseille
Pendant que la femme lit un livre, l'homme l'interpelle et commence à cheminer un bout de conversation avec elle, une conversation qui finit par éveiller en lui des souvenirs marquants et même pesants (présence de flash blacks). Des souvenirs qui sont en rapport direct avec la vie de cette femme inconnue, cette femme assise en face de lui et qui a peine quelques minutes avant ne connaissait rien de son existence
Sans jugement ni blâme, la femme essaie de fuir la discussion , car pour elle aussi, il s'agit d'un sujet bien plus pesant. Il s'agit d'une vie qu'elle voulait oublier, laisser derrière elle. Mais l'insistance de l'homme (et de la fille peu après qui finit par rejoindre leur conversation) finit par éveiller en elle toute cette souffrance qu'elle a refoulé depuis ce temps.
Maïssa Bey a mis deux années entière à écrire ce petit récit de 71 pages, mais quelle raconte finalement avec tellement de douceur et de délicatesse malgré la sensibilité du sujet ...
Si j'avais trois mots pour le décrire je dirais : émouvant bouleversant et poignant !
Parmi les passages qui m'ont le plus marqué, des morales concernant la guerre, ou l'Autrice nous décrit son opinion :
"Dans la guerre, dans toutes les guerres, l'ennemi a toujours le même visage le visage de notre propre mort"
"Dans tous les pays il y a des hommes. Ce sont eux qui
en font une patrie. Qui en font un enfer. Ou un pays
où il fait bon vivre."
"Seuls les épithètes changent: guerre de religion, grande guerre, guerre de libération, guerre
d'occupation, guerre civile... et quel que soit le côté où l'on est, il faut toujours se convaincre que c'est le bon côté, la bonne cause, et que la violence, les violences sont parfois nécessaires... [...] Les champs de bataille sont toujours jonchés de héros..."