Nul doute que les nouveaux lecteurs auront d'autres priorités !
On connaît tous plus ou moins le Marquis de Sade pour ses romans érotiques, ses jeux coquins, son aspect libertin totalement désinvolte et ses belles et torrides histoires d'amour. Ernestine, cette petite nouvelle sans grandes prétentions, est cependant bien loin de faire dans la luxure et penche plutôt vers un Roméo et Juliette moins shakespearien et justement plus libertin, sans jamais trop en montrer ni en suggérer. Ce court roman raconte l'amour passionné de deux jeunes êtres, Ernestine et Herman, qui se sont promis un amour éternel. En face se trouve Mme Scholtz, veuve et éperdument amoureuse de son protégé Herman. Ernestine est quant à elle convoitée par le comte Oxtiern. Ce duo de choc fera tout pour séparer les deux amants et les contraindre à un amour qu'ils ne désirent pas. Sur plus d'une centaine de pages, Sade nous invite à découvrir les manigances, les stratagèmes les plus vils et à la fois les plus belles et envoutantes déclarations d'amour. L'amour d'une femme pour son amant ou d'un père pour sa fille.
Il est cependant très intéressant de découvrir cette fin tragique qui fait preuve d'une totale injustice. Le méchant n'est pas puni, les héros sont malheureux (voir pire) et la fin fait appel à la profonde humanité que chaque homme tente de cacher lorsqu'il fait ressortir des sentiments aussi violents que le désarroi ou la vengeance. L'histoire perd alors beaucoup de sa logique, déjà piétinée par un style de dialogues à la fois théâtral et roman à l'eau de rose, dans le seul but de parvenir à une contre-morale originale et qui laisse longuement réfléchir sur le sujet. Reste qu'après coup, Ernestine est une jolie petite histoire, mais absolument pas une lecture à recommander facilement. Nul doute que les nouveaux lecteurs auront d'autres priorités !