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Ernestine
6.4
Ernestine

livre de Marquis de Sade (1800)

Pour la première fois, je me suis penchée sur l'un des écrits de Donatien Alphonse François de Sade –rien que ça-, en choisissant l'une de ses nouvelles réputées les plus modérées. Celle-ci, nommée Ernestine est issue du recueil Les crimes de l'amour, paru en 1800.

Je ne connaissais de cet auteur que ses nombreux emprisonnements l'ayant conduits à la peine de mort en raison de ses frasques libertines. Sa peine commuée quelques années plus tard, il finira ses jours en prison en tant qu'auteur libertin.

C'est d'ailleurs dans un pénitencier qu'il a rédigé Les cent vingt journées de Sodome, l'histoire de quatre libertins qui repoussent les limites de l'extrême et de la débauche dans un vieux château (revue du film Salo ou les 120 journées de Sodome, inspiré par ce livre).

Ne connaissant de lui que le souffre entourant sa réputation, je m'attendais à frissonner d'horreur, de dégoût ou d'incompréhension. Et qui sait, peut-être de plaisir.

En ce qui concerne cette nouvelle, il n'en est rien. Point de frisson, qu'il soit d'effroi, d'horreur ou de plaisir. A peine quelques bons et mauvais sentiments qui s'emmêlent et se démêlent.

Il s'agit, classiquement, d'une histoire d'amour passionnelle (avec l'inévitable incapacité pour les amants à envisager une vie sans l'Autre) contrariée par les vils desseins de l'association de deux créatures bien moins vertueuses, jalouses, et désireuses de s'immiscer entre Ernestine et Herman, nos deux amants naïfs.

Mensonges, trahisons, déshonneurs, hontes, crimes sanglants et de mœurs se succèderont, allant croissant avec le malaise ressenti au fil de la lecture. La lutte entre le bien et le mal, la vertu et le vice prend peu à peu tout l'espace.

Personnellement, le dénouement m'a laissé coite. Je ne sais trop qu'en penser. L'auteur semble tout à coup changer son fusil d'épaule, passer dans le camp des « méchants » et soutenir son monstre, sous couvert de mettre en avant le père des tourtereaux et sa grandeur d'âme. Une façon comme une autre de faire savoir qu'il était contre la peine de mort ? Ou plus fort, contre la peine de mort qu'on lui avait infligée ? On notera la ressemblance troublante auteur/personnage. Mais ce que j'en dis... A vous de voir.

Pour ma part, cette nouvelle m'a surtout donné l'envie de me procurer d'autres ouvrages de l'auteur. Probablement Justine ou les infortunes de la vertu dont j'ai entendu le plus grand... étonnement, dira-t-on.

L'écriture semble n'avoir pas vieillie, le style est plutôt fluide, ce qui offre une lecture limpide. Le bon geste « folio-deux-euros » pour entrer en douceur dans un univers maintes fois décrié.
Aleth
8
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Créée

le 7 déc. 2010

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Aleth

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