Things, Actions and Signs
Un incontournable de la philosophie anglo-saxonne. Impossible de comprendre ni Kant, ni Leibniz sans Locke. Tractopelle qui impossibilise toute référence à autre chose que les sens et idées acquises. Et au passage invente la conscience - car c'est lui, dans cet Essay, et pas Descartes, qui jamais n'usa du mot, qui crée le néologisme alors malcommode de conscious-ness - et un concept hallucinant d'uneasiness, in-quiétude fondamentale de l'homme, théorie du désir s'édifiant peut-être avec et contre l'édifice spinozien. Tout en levant des lièvres terribles sur la question de l'identité, des qualités premières et secondes, etc.
Bref, il faut s'accrocher, c'est aride, mais moins que Kant, et la construction est claire, si le détail est fouilli - plus encore que Kant. Certes, c'est moins allumé que la philosophie allemande, qui devait, héritière à la fois de la seconde scolastique et de l'empirisme anglais, inventer ce transcendantal dont certains analytiques d'aujourd'hui aiment à penser qu'il n'ouvrit qu'une parenthèse dans l'histoire de la pensée - incapables qu'ils sont de saisir de quelle posture la nécessité en est tirée. Mais bon, rien n'est plus loin de la machinerie lockienne.
Ah ! je l'ai lu en Anglais. Il le mérite, même s'il faut se méfier des tournures et du vocabulaire de ce Anglais là, plus si contemporain. On aura intérêt à avoir la traduction de Costes sous la main - traduction précieuse dans l'histoire de la philosophie, puisque c'est elle qui fit longtemps référence, et que ses notes et hésitations mêmes en disent beaucoup de la surprise et de l'engouement des contemporain pour ce pavé merveilleux.