Une lettre à l’absence, un cri qui traverse le temps

Si tu pensais que les souvenirs finissent par s’atténuer avec le temps, Et tu n’es pas revenu de Marceline Loridan-Ivens (écrit avec Judith Perrignon) est là pour te rappeler que certaines absences restent des présences, et que certaines blessures ne se referment jamais.


Ce livre, c’est une lettre bouleversante que Marceline adresse à son père, arrêté avec elle en 1944 et déporté à Auschwitz. Elle a survécu. Lui non. Toute sa vie, elle a porté ce poids : celui de l’enfant qui revient, celui du père qui disparaît, celui des silences laissés derrière l’horreur.


Le gros point fort ? C’est brut, c’est court, mais c’est dévastateur. Chaque phrase frappe comme un coup de poing retenu. Marceline ne cherche ni la poésie ni la dramatisation, elle livre juste sa vérité, nue, avec une lucidité glaçante. Elle parle de la déportation, mais aussi de l’après, de la difficulté d’exister quand on a été broyé par l’Histoire.


Le hic ? Ce n’est pas une lecture "agréable" au sens classique du terme. C’est intense, c’est douloureux, et ça laisse une trace qui ne s’efface pas. Si tu cherches du réconfort, passe ton chemin : ici, il n’y a que la vérité d’une femme qui parle à l’absence.


Bref, Et tu n’es pas revenu, c’est un livre essentiel, un témoignage qui serre la gorge et qui rappelle que certaines lettres restent sans réponse, mais qu’il faut les écrire quand même. Un texte qu’on lit en apnée, et qu’on referme avec une boule dans la poitrine.

CinephageAiguise
9

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Créée

le 17 févr. 2025

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