Ce livre raconte l'histoire d'un type de 30 ans qui est seul et vomit sur le monde. C'est court, ça se lit facilement, c'est bien écrit, certaines réflexions sur le monde sont bien vues, c'est parfois drôle et il y a assez de tension dans certaines scènes pour donner envie de lire la suite.


En un sens il se rapproche de Gros Câlin de Romain Gary puisqu'il prend le parti de raconter le monde à travers les yeux d'un homme seul qui perd peu à peu le lien avec le reste de son environnement et sombre dans la folie.

Deux différences majeures ceci dit :

- Dans Gros Câlin, on comprend plus clairement que le personnage raconte n'importe quoi tandis que dans ce livre on peut tout à fait se dire que l'auteur cautionne tous les propos de son personnage.

- Dans Gros Câlin, le personnage reste plutôt inoffensif, il raconte n'importe quoi et fait des fixettes sans trop de conséquence. Dans Extension... le personnage est abject, il déteste tout le monde, vomit donc sa haine de tous : les femmes, les jeunes, les grévistes, les arabes, son ex-copine, etc. Et puis surtout il tente de pousser un pauvre type à tuer un couple de jeunes gens inconnus, par pure frustration sexuelle semble-t-il.


Le problème en fait réside dans le prénom du personnage : Michel.


Dans un sketch, l'humoriste Louis CK disait à peu près "Pourquoi les sculptures de fontaines c'est toujours des petits enfants qui pissent sur le visage d'un Dieu grec qui ressemble étrangement au sculpteur de la fontaine ?"


De la même manière, et si tous les délires du personnage n'étaient pas directement la pensée du jeune Michel Houellebecq ? Et si on assistait seulement au fantasme pervers d'un incel qui se défoule par l'écriture de femmes qui ont eu pour seul tort de ne pas vouloir coucher avec lui étant jeune ?


En lisant les commentaires élogieux, le génie serait dans le propos de Houellebecq : le capitalisme et la lutte des classes s'étendent désormais jusque dans les relations homme-femme. Mais en disant cela, il me semble qu'il oublie un gros aspect de la question : les femmes. Le roman ne les aborde que comme des objets, des trophées à obtenir, des trucs à baiser. Pas une seconde il ne s'arrête sur le fait qu'on peut côtoyer des femmes sans forcément les troncher, qu'on peut être amis, qu'on peut être collègues, qu'on peut vouloir les traiter comme des être humains. Dommage, parce que du coup ce roman se résume à un petit homme aigri qui insulte des femmes pendant des pages, et un peu des hommes aussi. Et veut frapper des femmes, tuer des femmes.


Si encore on était sur la description des incels, mais jamais le propos qu'il déverse n'est remis en cause, il n'y a aucun recul. Là au contraire, la femme psychologue à la fin semble valider toutes ses thèses et lui dit carrément que son but à elle c'est de le remettre sur pied pour qu'il puisse aller séduire des femmes parce que 2 ans sans baiser, normal qu'il soit triste.

Si quelqu'un écrit un livre où tout le monde méprise les relations hommes-femmes et où le personnage principal passe son temps à traiter les femmes de salopes sans personne pour contrebalancer le propos, difficile de ne pas lui reprocher d'avoir écrit un livre misogyne d'adolescent frustré.


Ah oui et c'est tranquillement réac tout le long du récit donc ça rend aussi le truc un peu lourd, on dirait le tonton au repas de famille qui raconte comment c'était mieux avant.

youdada
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le 17 juil. 2025

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Hugo Gitton

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