"Extrêmement fort et incroyablement près" est un récit touchant dans lequel Oskar Shell, 11 ans, essaye de faire le deuil de son père disparu le 11 septembre 2001 dans les tours jumelles. Pour ce faire, il part à la recherche de la serrure qui correspond à la mystérieuse clé qu'il a trouvée dans le dressing de celui-ci. Plus qu'une quête, le livre présente les destins entremêlés. On retrouve naturellement les destins intrinsèquement liés de la famille Shell - notamment ceux de ses grands-parents - ainsi que les destins qui se lient inconsciemment, involontairement. Oskar part donc à la recherche de ce qui lia son père à l'un des 472 Black qui vivent à New-York.

Ce qui m'a particulièrement touché, et même inspiré, est la vision de cette triste date ainsi que du deuil à travers les yeux d'un enfant. Certes, celui-ci est hypersensible et surdoué, mais quelle vision colorée ! Les personnages sont également bien travaillés, et chacun d'entre eux est peigné avec précision, leur conférant une touche de vie frappante. À la perception infantile de la vision de cet attentat terroriste se mêle la vision – infantile, elle aussi – de la grand-mère concernant le bombardement de Dresde (que je loge, personnellement, à la même enseigne que le 11 septembre). Le point de vue est donc puérile mais néanmoins poétique. On retrouve également la notion des destins entrecroisés entre les deux évènements : le papier voletant autour des tours jumelles ainsi que de la maison familiale, le feu entretenu par ce papier, la stupeur voire l'incompréhension des victimes et ainsi de suite. On peut donc ainsi rattacher Oskar à sa grand-mère, pour d'autres raisons bien moins évidentes que celles des liens familiaux. Mais un autre lien qui apparait, relevé par le deuil – ainsi que la situation qui l'a entrainé –, relie Oskar a son grand-père qui a, pourtant, tout fait pour l'éviter dans un premier temps. Ils ont tous deux perdu un être cher, voire le plus cher, dans un attentat et ils ont tous deux chercher à faire leur deuil en cherchant tout ce qui pourrait les rattacher à cette personne. Ainsi, Thomas Schell Père voit Anna en sa sœur comme Oskar voit Thomas Schell Fils en sa clé et la quête qui l'entoure.

Une autre particularité de ce livre est la multitude des dispositifs littéraires modernistes que l'on peut retrouver dans le livre, telles que les ratures, les fautes d'orthographes relevées au stylo rouge, les photos, la juxtaposition de plusieurs textes afin de n'en faire qu'une masse compacte. Chacun de ses dispositifs est un clin d'œil à l'un des personnages principaux. Si certains le lui reprochent, je considère pour ma part ces écarts de la littérature traditionnelle comme une innovation non-négligeable, qui ajoute un coup de pinceau supplémentaire au portrait que l'auteur nous dresse de ces personnages.

"Extrêmement fort et incroyablement" près est donc, au final, un excellent bouquin, de loin meilleur que le film (qui n'est pourtant pas si mal en lui-même), attendrissant, drôle, enfantin et touchant. Un plaisir tant pour les yeux que pour l’imagination sur un sujet pourtant dramatique qui est resté omniprésent et qui demeurera dans les annales pour encore de longues années.
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le 9 oct. 2012

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