Lorsqu’on parle de littérature allemande, Goethe est le nom qui sort spontanément le plus souvent des bouches humaines. Les Souffrances du Jeune Werther et Faust sont ses deux œuvres les plus connues. Il me tardait donc de découvrir cette dernière, dont le thème de l’échange de l’âme avec le diable demeure fascinant. La première chose qui me vient en tête avec ça, c’est Tekken et Kazuya qui troque sa vie contre le diable lorsqu’il agonise sur les sommets de la montagne d’où son père l’a jeté. Eh oui, j’ai grandi avec la Playstation. Culturellement, je pars de loin…
L’œuvre phare de Goethe est une pièce de théâtre en deux parties qui raconte l’histoire de Faust, un savant allemand qui aspire à la connaissance universelle et qui finit par faire un pacte avec le diable. Dans la première partie, Faust est déprimé, car il a atteint les limites de son savoir et de son pouvoir. Satan apparaît alors sous la forme de Méphistophélès sur le Brocken et offre à Faust de l’aider à atteindre ses objectifs en échange, donc, de son âme.
Faust accepte l’offre et commence une quête de savoir et de pouvoir qui l’emmène dans un tourbillon d’activités qui vont crescendo dans l’absurde et la démesure. Il rencontre ensuite une jeune fille nommée Marguerite et tombe amoureux d’elle. Cela le mène à une série de tragédies qui aboutissent à la mort de Marguerite et à la condamnation de Faust.
Dans la deuxième partie, Faust est sur le point de mourir et cherche à se réconcilier avec Dieu. Avec l’aide d’un ange, il se trouve sur un chemin de rédemption qui le mène à la fin à une vision paradisiaque de l’harmonie universelle.
Offrir au lecteur le thème de la frustration des limites de sa connaisansance est toujours intéressant. On a ici un contre-pied des Humanistes du XVIe siècle et leur propension à s’émerveiller face à la limite de du savoir humain. Montaigne, avec sa médaille gravée « Que sais-je ? » est aux antipodes de Faust avec son désir inhumain d’omniscience. Ce désir démesuré, orgueilleux, est une exploration de la médiocrité humaine qui me plaît.
La quête de savoir et de pouvoir sans limites entraîne nécessairement l'égoïsme et la destruction. On le voit nettement dans la déchéance de Faust ainsi que via le mal qu’il cause autour de lui, notamment à Marguerite.
Faust, c’est l’hybris grec, l’orgueil démesuré qui mène à la chute. Comme le Chaos d’Hésiode, il dévore tout et n’importe quoi sans limite, mais ici, aucune Gaïa ne sort de lui pour y placer de l’harmonie.
En outre, son pacte avec le diable est un thème éternel, je pense que beaucoup d’humains seraient prêts à vendre leur âme en échange d’obtenir ce qu’ils désirent le plus, il ne faut pas oublier que ces créatures sont cupides et pernicieuses. Comme Faust, chacun a sa Marguerite…
Faust personnage complexe et rempli de contradiction, profondément humain, incarne parfaitement l’humain dans sa médiocrité, qui cherche un sens à son existence et qui pense pouvoir le trouver en obtenant l’omniscience. Mais il n’y a rien, il n’y a pas de sens, c’est une recherche vaine. Les humains doivent rester à leur place.