Ce doit être le quatrième polar de Francis Ryck que je commente sur SC. Là, on est encore dans les années 60, en pleine guerre froide avec l'Occident qui fait face aux turpitudes du KGB.
Mais, là pour une fois, ce sont les occidentaux qui passent à l'attaque avec une opération de kidnapping d'un savant russe dont on aimerait bien s'approprier les conclusions de ses travaux. Seulement, la difficulté est de s'emparer du gus (qui n'est pas au courant) et de le sortir discrètement d'URSS via Odessa. L'opération est bien montée avec deux équipes qui ne se connaissent pas (cloisonnement oblige) de sorte à jeter un leurre ou une diversion à la police soviétique, le MVD (ministère de l'Intérieur) d'une part et le KGB d'autre part. Là aussi, cloisonnement oblige, KGB et MVD se prennent les pieds dans le tapis.
L'opération est risquée et il y aura plusieurs vies sacrifiées dans ce monde parallèle. Mais le savant finira bien par être exfiltré non sans mal,
Spoiler : à l'aide non conventionnelle d'un gros thon rouge …
Pour rien… Comme d'habitude, pourrait-on rajouter. C'est le mécanisme de décision qui est intéressant dans ce roman. Une idée ou un fantasme au départ en haut lieu qui se décline à un échelon plus bas où une opération est montée avec des gens à peine au courant des enjeux. À la fin, on se rend compte que le savant n'a rien à divulguer d'intéressant, que l'opération aura été vaine. Et les états renégocieront avec l'URSS son rapatriement vers la mère patrie (avec peut-être même des effets collatéraux) …
Il en va là comme de certaines opérations militaires lors d'une guerre, que les stratèges lancent et qui se soldent par des pertes de vies humaines pour un faible profit ou pas de profit du tout.
C'est d'ailleurs bien ce que j'apprécie dans ces histoires d'espionnage très noires qui évoquent ce monde parallèle avec des professionnels redoutables, un monde parallèle où le prix de la vie humaine ne semble pas très élevé. Surtout si on met ce prix en perspective avec le profit souvent dérisoire.