Stan, ancien militaire revenu d’Afrique avec un passé lourd et une solitude choisie, pense avoir trouvé la paix dans un coin de montagne sauvage, entre chalet rustique et hectares de maquis. Il bricole, jardine, apprivoise le silence… Jusqu’au jour où la tranquillité se fissure. Un sentier déboulé sans permission, des arbres abattus, des marques dans la forêt : des intrusions. Et Stan n’est pas homme à tolérer qu’on empiète sur son territoire.
Mais Feux dans la plaine n’est pas un simple récit de vengeance ou de confrontation. C’est un roman qui se mue, page après page, en une véritable odyssée intérieure. Car si Stan réagit d’abord en soldat – déterminé, rugueux, parfois brutal – c’est un autre combat qu’il va livrer : celui contre lui-même, contre ses souvenirs, ses blessures, son besoin d’isolement devenu presque une prison. Sa fuite devient une errance. Et la montagne, majestueuse et cruelle, l’absorbe peu à peu.
J’ai été complètement happée par ce récit, par cette tension sourde qui ne faiblit jamais. La montagne devient un personnage à part entière, tour à tour refuge et menace. J’ai ressenti chaque pas de Stan, chaque souffle, chaque silence.
Olivier Ciechelski signe un premier roman puissant, tendu, magnifiquement écrit. Dans une langue dépouillée mais poétique, il capte les vibrations de la nature autant que les secousses d’une âme cabossée. Loin des clichés du survivalisme viril, il dessine un personnage profondément humain, en équilibre fragile entre violence et abandon.
Au fil des pages, on comprend que ce roman noir flirte avec le western, mais c’est un western alpin, introspectif, où les armes pèsent moins que le silence, et où les ennemis extérieurs ne sont que le reflet des fractures intimes.
Un texte fort, tendu comme un fil, aussi brut que bouleversant. Une claque littéraire comme je les aime.
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