Les mots, c'est plutôt son rayon
Attention chef d'œuvre.
Jaworski avait déjà signé un grand coup avec l'excellent recueil de nouvelles Janua Vera: même si celles-ci étaient inégales, elles contenaient suffisamment de promesses pour espérer un roman de très grande qualité, et gagner la Guerre vient avec talent combler nos attentes et plus encore.
Jubilatoire, flamboyant, le livre est à l'image de son héros et narrateur, Benvenuto Gesufal, assassin à l'œil d'artiste et à la réplique facile. La langue est magnifique, aussi à l'aise dans les cordages des bateaux que dans les descriptions d'œuvres d'art en passant par les combats effrénés. Loin d'un énième ersatz de Tolkien, Jaworski prouve avec brio que la fantasy peut et doit s'affranchir de cette lourde paternité, n'hésitant pas ici à s'aventurer dans le roman de cape et d'épée, tout en gardant parfois un ton très singulier, mélancolique et poétique (le passage à Bourg-Preux et plus généralement son traitement des elfes, loin des cliché habituels). Gesufal, avec la chorégraphie complexe de sa langue riche et variée, convie le spectateur à un duel, l'agresse, l'apostrophe, l'envoûte et le charme pour mieux lui adresser le coup fatal dans les derniers mots du roman.
Les aventures de cet antihéros dans la ville de Ciudalia (qui rappelle la Rome républicaine mais aussi les Gênes ou Florence de la Renaissance) permettent de construire une galerie de personnages tous plus marquants les uns que les autres, dont certains n'auraient pas déparé dans "La vie des hommes illustres" de Plutarque.
A lire et relire tant l'intrigue complexe et les répliques savoureuses méritent une relecture.
En un mot : jouissif!
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