Drive ou le chevalier au scorpion

Vous êtes amateurs de voitures et d'histoires de mafia? Vous trépignez après avoir vu la bande annonce de Drive? Passez votre chemin, Drive n'est pas un remake de Fast and Furious ou du Transporteur.

De la même manière qu'il avait surpris avec Bronson et Valhalla Rising, Refn se sert du film de genre pour sortir complètement des codes de celui-ci. Ici, tout n'est en effet que prétexte à l'exposition d'un héros, un héros parfait, fantasmé (auquel la BO fait référence). Ce chevalier des temps modernes, perdu dans un monde auquel il est totalement inadapté, domine son fier destrier d'acier d'une main ferme et gantée autant que celui-ci l'emprisonne dans son rôle de héros. Incarné par un Ryan Gosling mutique et minéral, il évolue dans le monde ouaté et nocturne de Los Angeles, magnifiquement filmé par Refn, dans une sorte de rêve cotonneux, poursuivi par son besoin de protéger sa princesse (Carey Mulligan) de ses ennemis (les gueules burinées de Ron Perlman et Albert Brooks, dont le contraste avec le visage lisse de Gosling est saisissant). Drive est le mélange d'un polar urbain et d'un conte : la tension quasi-permanente, qui éclate en pulsion de violence brute, contraste avec des moments de pure grâce et de poésie, où le temps semble se dilater.
Les références sont multiples, et si l'esthétique du générique semble être un clin d'œil qui vous plonge dans GTA : Vice City, Drive lorgne aussi du côté du western et du lonesome cowboy ; mais c'est finalement vers le roman courtois qu'il faudrait peut-être se tourner, tant les allusions au caractère chevaleresque du Driver sont nombreuses. Notamment son armure ensanglantée au blason de scorpion doré, que Gosling ne garde pas tout au long du film uniquement pour le plaisir de choquer les spectateurs entrés là par hasard, car il y avait de la lumière.
N'attendez pas de Drive du réalisme, un scénario léché et ficelé.

A l'image de son héros, le film est un pur fantasme, le rêve d'un doux dingue venu du Nord et qui a un faible pour les histoires de chevaliers libérant les princesses du mal dans une Los Angeles noire et cradingue. Mais un rêve brillant, tantôt vrombissant et frémissant, tantôt planant et ronronnant, qui hante et poursuit le spectateur bien après la séance. A real hero...
Chien
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le 25 déc. 2011

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