Gagner les cœurs

Je me lance pour ma première critique de livre, pas n'importe lequel puisqu'il s'agit d'un roman dont j'avais un peu entendu parler notamment grâce à Senscritique.
Je ne vais pas être original en disant que vraiment, ce livre est un petit chef d'oeuvre, la fantasy française en a sous le capot.
Jaworski puise son inspiration d'une Europe médiévale et du début de la Renaissance, (déjà si on aime cette ambiance c'est gagné) pour dresser toute une galerie de personnages complexes et intéressants. Du Podestat qui gouverne la République à ses enfants tout en passant par son sorcier... oui il y a un peu de magie, mais à petite dose et cela reste mystérieux et très bien amené. Pas de gars qui balance des éclairs ou des je ne sais quoi on n.est pas à Warhammer.
Évidemment, Benvenuto a conquis mon cœur de lecteur par sa gouaille et son style. Quel style. Le vocabulaire est précis et très très riche, vraiment. J'ai découvert un nombre de mots pour des étoffes, des vêtements, des architectures, des armes...
Et puis ce personnage...un anti héros parfait qui nous raconte son histoire. Forcément, avec le fait qu'il nous prenne à parti parfois et que cela soit raconté à la première personne nous savons d'emblée qu'il ne peut pas mourir mais il n'empêche que le récit d.aventures et de complot nous emporte totalement. Cela peut rappeler un peu game of thrones, mais c'est mieux écrit je n'ai pas peur de le dire serieusement. Certes les intrigues de Martin sont folles, mais il lui manque le souffle du style et là où il fait le choix de suivre 30 personnages, Jaworski nous en montre un seul auquel on reste solidement attaché pour le pire, et pour le pire...et il y a quelques très bons éléments de scénarios et de surprises dans le récit.
Benvenuto, c'est le type qui fait le sale boulot et qui se retrouve toujours dans des situations rocambolesques. Il s'en sort, mais à quel prix parfois. C'est souvent inattendu mais toujours tellement pertinent et bien écrit.
En plus, la temporalité évolue au jour le jour ou presque, sur les 1000 pages il ne se passe que quelques mois, peu d'ellipses, ce qui rend le récit ultra dense et captivant. On est vraiment dans les talons de notre cher Don Benvenuto, assassin, baroudeur, increvable, teigne, intelligent, observateur, escroc...

Malgré sa taille, le livre se lit très facilement et on se surprend à ne pas voir le temps qui passe, tant la compagnie des personnages nous tient à cœur. L'univers est parfaitement cohérent, rien à jeter.

Je regrette juste quelques zones d'ombres concernant des personnages, ou le fait qu'on ne voit pas assez certains, on voudrait en savoir plus. La fin aussi m'a un peu frustré même si elle est excellente objectivement, c'est juste qu'on aurait envie que ça continue encore 20-30 pages.

En tout cas, chapeau à Monsieur Jaworski. Je m'empresse de lire Janua Vera, le recueil de nouvelles dont les histoires se déroulent dans cet univers très cohérent.
J'aurai bien aimé une carte quand même, pour visualiser un peu le tout. Mais c'est du chipotage, franchement ce bouquin vaut la peine d'être lu.