Fiche technique

Auteur :

Danièle Saint-Bois

Éditeur :

Stock

Résumé : La femme gauchère n'existe pas seulement dans les brumes germaniques chères à Peter Handke. La femme qui fait le gigot, la valise de son mari, la soupe de ses enfants, la femme potiche, la femme boniche, la femme mystifiée qui s'enfonce dans un bain de mousse parce que la toilette devient l'ultime rempart contre l'asservissement familial, cela existe aussi sur les bords de la Garonne : ces milliers de compagnes muettes et dévouées qui, un beau jour se sont décidées à l' " ouvrir ", et ne s'arrêteront plus de crier. L'héroïne de Danièle Saint-Bois est de celles-là. Un mari (" je veux qu'il parte, mais je veux qu'il reste : en fait, tout se résume à ça "), trois enfants merveilleux, qui ont tout compris d'emblée, et un immense vide quotidien, l'époux absent toute la semaine pour son travail, bientôt happé par une autre, l'envie forcenée de tout traduire en mots - la crampe de l'écrivain est d'abord un bleu à l'âme - et Lola, le grand amour , la femme par qui notre héroïne connaîtra enfin le plaisir, et qui demeure comme un lancinant leitmotiv orgastique, entre les enfants qui jouent aux Indiens et le mari qui joue à l'absent.... Mais, heureusement, dans cette immensité blanche, une complice : Anaïs Nin, dont l'héroïne dévore le Journal, porte-parole des dernières colonisées, archange haut-parleuse du " continent noir " des femmes au foyer qui ricanent doucement quand on les invitent à "rentrer à la maison"... Ce premier roman ne doit pas passer inaperçu, dans l'immense drugstore des clichés programmés qui peuplent habituellement les librairies. Les cris du cœur, les cris du corps, aujourd'hui, c'est rare. Danièle Saint-Bois commence bien son itinéraire d'écrivain. André Bercoff Le Matin (9 mars 1979)