Dans la production de cet écrivain (que j'ai découvert en empruntant complètement aux hasard dans une médiathèque le SATANTANGO du cinéaste Béla Tarr il ya quelque année), je ne voyais pas trop comment on pouvait concilier une vision du monde telle qu’elle est décrite dans "au nord par une montagne...", C'est a dire un monde dénué d'une pensé individuelle mais seulement vécu (observé, ressentit) par le stricte minimum, c'est a dire un corps déambulant dans un temple lumineux, qui se tient là sans réel justification autre que celle de la vérité, disons plutôt la réalité, réalité depuis laquelle semble sourdre une menace, un grondement, mais aussi et surtout la beauté, et l'ambiance maladive de Satantango ou de la Mélancolie de la resistance, par laquelle est décrit un monde a l’image de ses personnages, monde qui n’est que le reflet des êtres prisonniers de la boue des petites ambitions, les petites pensées individuelles de chacun qui se frictionnent pitoyablement dans un cercle noir replié sur lui-même.

Guerre et guerre, le dernière livre de l’auteur est peut être entre ces deux eaux, quelque part entre le monde luminieux, présent, réel, vrai de « au nord par une montagne » et les histoire replié sur elle-même prés de la boue et de la chair, de ces premiers livres. L’auteur y déploie un style unique, un de ces livres ou la forme et le fond sont main dans la main, afin d’entrer en résonnance pour se multiplier à l’infinie, et ou sens et esthétique ne sont plus dissociable, ne font plus qu’un. Une œuvre d’art en somme.

Ainsi, difficile alors de parler du fond sans évoquer la forme, et vice et versa. Le thème de ce livre est surement la destruction de toute entreprise collective, les sociétés, les mythes, les projets, seront anéantis inéluctablement. Il y est aussi question du Beau, du noble et de l’excellence, et puis surtout, de l’incompréhension. L’incompréhension superficiel, celle de la langue qui expulse les mots fabriqués dans le fond de la gorge et dirigés vers l’oreille de l’autres, et l’incompréhension profonde, celle de l’image intérieur, disons l’image poétique a transmettre.

Les phrases sont longues, et au fil de leur développement, le temps de la narration évolue, les époques se chevauchent, les points de vue se multiplie, les idées se percutent. Les mots qui décrivent les mots, c’est Korim évoquant le parchemin en hongrois a la femme du traducteur qui ne comprend que l’anglais. Le manuscrit de Korim évoque la déambulation au travers de l’histoire de quatre hommes, cherchant la beauté, le noble et l’excellence mais et qui finiront inéxorablement par fuir la destruction et la guerre.

Korim est achiviste de documents historique en hongrie, et il est tombé apr hasard sur un manuscrit spécial, qui raconte la façon dont déambule quatre personnage a travers l'histoire. Korim n'aura de cesse que de vouloir trasnmettre ce message porté apr le manuscrit au monde, alors quoi de mieux que de ce rendre au centre de celui ci, a New York. Il sera hebergé dans l'appartement minable d'un traducteur hongrois et de sa femme, et tentera d'accomplir sa mission.
ainsi, c’est avec la parole incessante de Korim, individu prisonnier de la boue et des petites ambitions du monde qui l’entoure, et la poésie qui se dégage a l’évocation en echoes du manuscrit, que Kraznahorkai nous montre notre monde en mouvement, notre monde comme une immense roue qui s’écroule sur elle-même à mesure qu’elle avance, et laisse dans son sillage, parmis les décombres, des morceaux de couleurs, et que ce monde, cette immense roue qui s’écroule a mesure qu’elle avançe, peut tenir tout entier dans notre tête, tête risquant de bruler comme une maison en flamme.

Dans ce livre aussi, il n’est pas question de solutions, de miracles, de remèdes aux états de faits, je crois que Kraznahorkai n’a pas l’ambition de proposer ou de critiquer, mais il offre par son écriture, le regard qu’il porte sur le monde, un regard solitaire, fatigué, sensible.

Le regard pénétrant de la tristesse qui observe la beauté voler en éclat.
HammerKlavier
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le 14 déc. 2013

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