Basé de manière non explicite mais bien peu dissimulée sur les tragiques évènements de Columbine de 1999 « Hey, Nostradamus » nous livre de manière audacieuse une chronique de la difficile (voire impossible ?) reconstruction d’une société meurtrie à travers l’histoire de 4 personnages impactés de manière plus ou moins directe par les évènements : Cheryl Anway, l’une des victime ; Jason Klaasen, son petit ami, dont l’histoire des années après la tuerie constitue la pierre angulaire du récit ; Heather, qui tentera de se faire une place dans la vie sentimentale d’un Jason brisé ; Reg Klaasen, père de Jason et accessoirement fanatique catholique par excellence.


Si ce récit est aussi audacieux, c’est d’abord parce qu’il repose sur un évènement bien peu évoqué en littérature mais qui n’en est pas moins un véritable fléau aux Etats-Unis, à savoir les tueries de masse devenues monnaie courante, et ce dans une société encore profondément meurtrie par les évènements qui ont inspiré « Hey, Nostradamus » (écrit seulement 4 ans après Columbine). Pour autant, Coupland ne tombe pas dans la facilité ou dans le manichéisme en plaidant par exemple pour une meilleure régulation des armes ou en adoptant une quelconque position moralisatrice à travers l’un de ses protagonistes. Non, il se contente de livrer un récit extrêmement poignant à travers ces quatre vies brisées, laissant le soin au lecteur d’en tirer les conclusions qu’il estimera être les bonnes, ce qui à bien des égards vaut certainement plus que bien des pamphlets, quand bien même les personnages du récit seraient fictifs.


Mais à n’en pas douter, l’autre force de ce livre réside dans sa capacité à refléter dans un style résolument simple et efficace les aspects les moins reluisants d’une part de la société américaine qui préfère se réfugier lâchement dans le fanatisme religieux et s’aveugler délibérément qu’affronter ses démons et faire son autocritique, lesquels aspects sont incarnés à merveille par la figure du père auquel est consacré la quatrième partie du récit qui à mon sens en est le moment le plus déchirant.


Un récit fort et toujours extrêmement actuel, comme en témoigne le nombre d’éléments similaires chaque année, qui gagnerait à être bien plus connu.


Garniax
8
Écrit par

Créée

le 17 nov. 2023

Critique lue 3 fois

1 j'aime

Garniax

Écrit par

Critique lue 3 fois

1

D'autres avis sur Hey, Nostradamus !

Hey, Nostradamus !
Garniax
8

Dieu partout, justice nulle part

Basé de manière non explicite mais bien peu dissimulée sur les tragiques évènements de Columbine de 1999 « Hey, Nostradamus » nous livre de manière audacieuse une chronique de la difficile (voire...

le 17 nov. 2023

1 j'aime

Hey, Nostradamus !
ManfredAckermann
8

Critique de Hey, Nostradamus ! par Manfred Ackermann

Sur fond de drame d'un massacre tel celui de Columbine, où des jeunes élèves confondent jeux vidéos et réalité dans un formidable shoot'em-up, on retrouve l'histoire de différents protagonistes : -...

le 4 avr. 2017

Du même critique

Fear Inoculum
Garniax
8

L'or pur à l'état dur

13 ans ont eu beau s'écouler depuis l'incroyable "10,000 Days", album ultime de Maynard et sa bande, les vérités de Tool sont restées les mêmes : "Fear Inoculum" est, à l'instar d'un "Lateralus", un...

le 14 sept. 2019

9 j'aime

1

Lords of Chaos
Garniax
5

Film édulcoré pour musique noire

Il en faut une sacrée dose d'audace pour décider de mettre en image un sujet aussi sensible que les évènements sordides liés à l'émergence du Black Metal sur la scène norvégienne au début des années...

le 6 mai 2019

8 j'aime

2

Storm of the Light’s Bane
Garniax
10

Toi qui entre ici, abandonne tout espoir

Rarement un album ne m'aura mis une telle claque dès les premières secondes. C'est bien simple, il y'a véritablement eu un avant/après Storm of the Light's Bane en particulier parmi la scène black...

le 19 févr. 2019

8 j'aime

1